lundi 18 novembre 2013

Fred Samuel: Rue Royale à Paris: Un Joaillier Courageux.

C'est un joaillier Français, car il a choisi la France par deux fois. Ses parents étaient alsaciens et en janvier 1871, la France va perdre la guerre devant abandonner aux Prussiens l'Alsace et la Lorraine. L'antisémitisme Allemand ne date pas d'Hitler, mais de la période précédant la guerre de 1870.


Le Flore
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Les Samuel sont juifs, pour échapper aux persécutions, ils partent vers l'argentine sur un bateau, Vapeur et Voiles, comme le Flore.


Albert Samuel en 1910 devant son magasin

Son père était bijoutier, bien que plusieurs sites internet situe sa naissance en 1907, je me suis rapproché des autorités militaires, le petit Samuel est né le 03/08/1908 à Buenos Aires.



Buenos Aires

Pourquoi l'Argentine ? , il semble que le sujet de l'immigration Française en argentine n'ait pas été abordé avec toute la profondeur que le sujet méritait, car de 1851 à 1920 c'est plus de 231.500 personnes qui émigrent de France en Argentine. Immigration importante car il semble que la France a occupé la première place comme modèle culturel et intellectuel pour les classes dirigeantes, la deuxième place derrière la grande Bretagne pour les investissements de capitaux.

Malgré cela, Fred Samuel va venir en France en 1924 pour étudier la bijouterie joaillerie, que va-t-il faire pendant les quinze années qui suivent ?
Il vit, apprend et se fiance 


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 Mon extrait du journal" Le Temps " du 17/10/1933 n'est pas très net, mais suffisamment pour voir qu'il se fiance avec celle qui sera la femme de sa vie, Thérèse HalphenEst-elle apparentée au grand Joaillier Salomon Halphen ?
Mais regardez aussi le mariage qui se trouve en dessous qui annonce le mariage de Simone Hardellet la fille du patron des alliances Nuptia" c'est déjà une information intéressante, mais elle a un frère André Hardellet, un bijoutier poète qui entre deux livres a écrit la chanson de Guy Beart "le bal chez Temporel" ;



En 1934 Fred Samuel fait de l'aviron plus tard il se passionnera pour la voile.

Fred Samuel et Madame Née Halphen ont fêté leur noce d'Or en 1986, ils se seraient donc mariés en 1936 ? Toujours est-il qu'un premier héritier naît en 1936, Henri Albert.



Sa première carte de visite date aussi de 1936, un ton ambitieux.


Fred Samuel va ouvrir sa première bijouterie, il a 28 ans et il s'installe Rue Royale à Paris en 1936. 


L'adresse était prédestinée, dans les années 1900 le FRED de cet article du Figaro en 1898 était au 8 rue Royale à Paris



Je n'ai trouvé que cette photographie, elle date d'après-guerre, au vu de la Dauphine Renault et de la 403 Peugeot garées devant, mais elle est bien au 6 rue Royale, on reconnaît les arcades de l'hôtel Le Roy de Senneville.  Construit en 1769 par Louis le Tellier pour Jean François le Roy de Senneville secrétaire du Roi de France de 1752 à 1780 et fermier général de 1772 à 1780. Mais c'est bien son premier magasin.

Avant lui, au même endroit, le Joaillier Georges Fouquet commanda en 1901 pour sa boutique un remarquable décor de style 1900 conçu par Adolphe Mucha.


Photo de l'époque de l'installation de Fouquet




Photographie de O.Taris



En 1923 l'art Nouveau est déjà démodé, il faut refaire le décor, mais Georges Fouquet est très admiratif du travail de Mucha, et il fait don au musée Carnavalet de tous les éléments de son magasin qu'il avait fait démonter soigneusement en 1938 et le musée Carnavalet l'installera dans son Musée en 1989, si vous désirez en voir plus :

C'est donc à l endroit ou était Georges Fouquet que Fred Samuel ouvre son premier magasin.



L'" annuaire de la curiosité et des beaux-arts" cite son nom et son adresse en 1937

En 1937, aussi dans le journal "L'art et la mode" 




Ce bracelet important reviendra souvent dans ses publicités d'avant-guerre.

 Les japonais au début du XX Eme siècle, commencèrent à mettre au point la culture des perles et Fred Samuel se voulut dès son installation, le spécialiste de la perle de Culture


1937 dans le journal Excelsior


En 1938, dans le journal Fémina, il commence à faire de la publicité pour ces perles de culture, je noterais au passage cette expression "Joaillerie Riche" et "Montres de Bon Goût"


Le 1-1-1938 dans la revue "Vogue" Le Portfolio de Vogue FRED SAMUEL, joaillier, 6, rue Royale, le spécialiste des perles de culture, a créé de ravissants bijoux en or : montres, bracelets, breloques, etc




En mai 1939, il fait des promos sur les colliers de perles de Culture dans le journal " le matin"  



 Avril 1939, le 4 avril, naissance d'un deuxième enfant, Jean.



Publicité du 31/5/1939 dans le Journal "le Temps"

Je me suis souvenu du père d'un ami chez qui je passais mes journées pendant les évènements de 1968, personnage extraordinaire qui a l'époque dirigeait une très importante usine de fabrication d' objets en plastique: La Sitap au Houlme près de Rouen: Je croyais cet homme d 'origine Russe, à table il mangeait du Kacha, plat de type bouillie à base de gruau de Sarrazin, ou du Bortsch, sorte de pot au feu polono-russe à base de betteraves, porc ou boeuf, carottes oignons etc, et il arrosait cela avec des verres à bières de Martini Vodka , 1/3 :2/3: et pas d'eau , essayez! Au 3 -ème verre, c'est radical.

Un jour, il m'avait dit avec son accent inimitable "tu sais, j'ai bien connu le bijoutier Fred à Paris, pendant la guerre, après-guerre je n'avais pas de travail et il m'avait confié des petites mallettes de bijoux pour aller les vendre"

Photographie de Salomon SOBOLEVICIUS avec son fils années 50

J'ai contacté ses enfants, qui m'ont confirmé, "oui ils avaient bien connu Fred jusqu'à ses dernières années, Sa femme avait un magasin de vêtements rue de la Pompe sous l'enseigne" Halphen" Chacun des enfants de Solemas, avait reçu pour leurs enfants des médailles venant de chez Fred.


Une des médailles offertes par Fred Samuel aux enfants
de son compagnon de Guerre .

Même l'un d'eux s'était vu offrir un insigne du 22 -ème régiment de marche des volontaires étrangers en or, 




Fred n'oubliait pas un évènement, entres autres, il avait offert à Solemas Sobolévicius une pendulette "Suiza" pour son mariage.


Son Diplôme d'ingénieur, intéressant à lire !

Car Solémas Sobolévicius était dans le même régiment que notre Joaillier Fred.
J'ai donc écrit à divers endroits, pour l'instant un seul a répondu immédiatement :

Bonjour,en réponse à votre demande j'ai fait une recherche sur la liste des
engagés
volontaires pour la durée de la guerre 1939/1940.
Voici ce que j'ai trouvé:
Samuel Fred né le 03/08/1908 à Buenos Aires (Argentine) incorporé au 22° R.M.V.E
sans information sur sa profession ni sur une décoration.
Sobolevicius Salomon né le 02/02/1908 à Halvoria ( Lithuanie) incorporé dans un
R.M.V.E (22° ?)
C'est bien maigre, je vous suggère d'écrire au:
Commandant de la Légion Etrangère
Bureau des Anciens
Quartier Vienot
Route départementale 2
BP 21355
1384 Aubagne CEDEX
 En demandant un état signalétique et des services pour ces deux volontaires.
En vous souhaitant réussite dans vos recherches, recevez mes cordiales salutations.
Pour l'UEVACJ-EA Henri Zytnicki 

J'ai donc appris que mon vieil ami Sobolévicius était né en Lithuanie, Solemas de son prénom
J'ai recontacté ses enfants, il me fallait des indices, sa fille a ouvert les lettres nombreuses qu'il écrivait à sa femme, entres autres, elle m'en a lu une du 27 mars 1940 et il indiquait être au camp du Barcarès

Défilé des Volontaires étrangers en 1940
à l'intérieur du camp du Barcarès
Fred Samuel raconte dans ses mémoires :

"En
1939, à la déclaration de guerre, les trois frères de ma femme furent appelés
sous les drapeaux. En tant que citoyen argentin, je n'étais pas mobilisable.
[...] Je courus dans tous les bureaux de recrutement, faisant valoir chaque
fois la nationalité française de mon père. Mais c'était peine perdue. [...]
Enfin, ma belle-soeur contacta un de ses cousins, sergent-recruteur à la
caserne de Reuilly, centre de la Légion étrangère. De bonne grâce, je subis un
contrôle d'identité et divers examens physiques et moraux. Suite à quoi je pus
enfin signer un contrat d'engagement pour la durée de la guerre. [...] Huit
jours plus après, l'ordre de départ arriva. A la caserne de Reuilly, je
retrouvai mes compagnons engagés volontaires. La plupart étaient de jeunes apatrides
d'Europe centrale. Ils m'expliquèrent que, pour eux, il n'y avait pas d'autre
solution. En s'engageant dans l'armée française, ils permettaient à leur
famille qui avait déjà fui le régime nazi de rester en France. [...]
Notre départ eut lieu le soir vers 21 heures, en raison de la défense passive. De nombreux parents étaient venus entourer leurs enfants, leur dire au revoir. C'était une foule étrange, exprimant des signes de crainte et d'espoir mais surtout, très sobrement, un sentiment de gravité. Puis, les légionnaires, baïonnette au canon, nous escortèrent jusqu'à la gare de Lyon où le train nous attendait pour une destination inconnue. Alors ces jeunes gens, presque des enfants, entonnèrent La Marseillaise avec leur accent d'Europe centrale. Pour la première fois de ma vie, mon cœur se serra terriblement comme à l'évocation d'un souvenir enfoui, ce chant était si émouvant que longtemps je restai immobile, les larmes aux yeux.



Camp du Barcares


La réalité, brutale, se chargea de dissiper cet état d'âme. Le camp où devait s'effectuer notre préparation s'appelait Barcarès, à quinze kilomètres de Perpignan. Trois régiments furent formés, du nom de 1er, 2e et 3e régiments de marche de volontaires étrangers (R.M.V.E.), cependant, comme la Légion craignait que les nouvelles recrues ne fussent pas à la hauteur de sa réputation, on les rebaptisa 21e, 22e et 23e R.M.V.E. Le Barcarès était alors un site désolé. Il s'étendait au nord entre la mer et une vaste lagune : l'étang de Leucate. Là se dessinait un alignement de baraques en bois, recouvertes de papier goudronné. Ces logements rudimentaires avaient été improvisés à la hâte pour accueillir les réfugiés espagnols fuyant la guerre civile. La plupart avaient choisi de s'engager dans la Légion, espérant ainsi prendre leur revanche sur l'Espagne franquiste. Déjà aguerris aux situations précaires, ce sont eux qui, ingénieusement, installèrent l'électricité dans le camp. Pour le reste, Barcarès demeura des plus sommaires, notamment en ce qui concerne les conditions sanitaires. On s'en tenait à une hygiène minimale. A peine défendus contre les intempéries, il nous fallait aussi essuyer les désagréments de chaque variation climatique. Lorsque la tramontane soufflait, le sable nous cinglait le visage et s'immisçait dans les moindres recoins. Quand le vent s'apaisait, c'était au tour des moustiques de nous harceler. Pourtant personne n'aurait songé à se plaindre. [...]

Dès mon arrivée au camp, j'eus la chance de rencontrer un capitaine que j'avais recueilli un mois auparavant sur la route de Bordeaux. C'est ainsi qu'à ses côtés je pris la direction de la compagnie de commandement en attendant l'arrivée des officiers instructeurs. J'inscrivais les arrivants et formais compagnies, bataillons, et jusqu'à un régiment tout entier. Cette tâche avait l'avantage de m'occuper l'esprit. J'étais presque content de me sentir utile. Les officiers arrivaient régulièrement, des volontaires en provenance de régiments coloniaux ou autres, recrutés par circulaire pour venir nous encadrer. On commença par nous confier des uniformes : équipements de chasseurs alpins généralement de petite taille. Ne trouvant pas de pantalon à mes mesures, j'improvisai un accoutrement dans le ton. Je découpai mes pantalons sous le genou et nouai à la place les bandes molletières que nous recevions. Je jugeai à ce bricolage que le métier commençait à rentrer. Pour les chaussures, grâce à Dieu, j'étais parti avec une paire excellente, ce qui m'évita de souffrir. [...]



Au terme de la préparation, en avril 1940, le haut commandement nous envoya au camp du Larzac où nous fîmes la preuve décisive de nos capacités. [...]

Dès le 30 avril, nous reprîmes la route de Barcarès afin d'améliorer notre équipement. A vrai dire, s'il s'avéra meilleur que le précédent, il demeurait néanmoins plus qu'incomplet : un ceinturon pour deux soldats et pas la moindre bretelle à fusil. Une fois de plus l'ingéniosité des Espagnols nous sauva. Ils nous équipèrent au moyen de ficelles tressées, ce qui valut à notre régiment le surnom de "régiment-ficelle". Pourquoi pas ? Enfin, si nous étions munis de fusils, nous ne disposions que d'un fusil-mitrailleur par compagnie et d'un canon de 25 par bataillon, ce qui était évidemment, dérisoire. [...]
Le général Weygand fit appel à la Légion pour sa nouvelle armée.
Il fallut reprendre le train pour Compiègne. Les voies étant coupées, le voyage prit fin à l'Isle-Adam sous un bombardement aérien intensif qu'une âme naïve aurait pris pour un feu d'artifice. En pleine nuit, des autobus parisiens nous conduisirent du côté de Tilloloy, toujours dans le nord. Nous nous laissions mener, çà et là, abrutis par la fatigue et la réalité qu'on n'osait envisager tout à fait. [...]
Ensuite, sous les feux d'artillerie, il fallut marcher vers une direction inconnue. L'aurore nous trouva en ligne près de Villers-Carbonnel face aux blindés allemands qui avaient franchi la Somme. Seuls les Espagnols comprirent aussitôt comment agir. Ils utilisèrent des cocktails molotov. Pour préserver les blindés, les Allemands firent demi-tour et repassèrent la Somme, ayant soin, hélas, de laisser des commandos derrière eux. Bientôt, je vis avec horreur mes camarades tomber comme des mouches, victimes des shrapnels et des soldats allemands cachés dans les arbres. Devant l'urgence de la situation, le commandant m'ordonna de rejoindre Marchélepot afin d'informer le colonel et de prendre ses ordres.


Voir sur ce site le détail de la bataille de Villers Carbonnel:


http://www.combattantvolontairejuif.org/resources/NVO+39++au+18+mars+2013+72+ppp+pour+site.pdf


 En effet, la liaison téléphonique avec l'état- major du régiment se révélait impossible. Je partis avec quelques soldats de première classe dont l'un n'était pas moins qu'un colonel de l'armée républicaine espagnole. Sensible à mon désarroi, il m'encouragea à affronter le baptême du feu par ces mots que je n'oublierai jamais : "Dis-toi que le monde est grand et que nous sommes tout petits. Allons, lève-toi et avançons." Comme protégé par cette force d'âme, je passai miraculeusement entre les balles et pus apporter le message au colonel. Les ordres donnés, la défense s'organisa. On creusa des tranchées. Une ferme abandonnée servit de point de repli. Un standard, laissé par de précédentes troupes françaises, permit de communiquer avec l'état-major. Des kilomètres de lignes téléphoniques furent déroulées entre les différents villages avoisinants et l'état-major, afin d'établir une liaison normale. Cette mobilisation dura trois semaines. Puis, le commandant Hermann, sur l'ordre de l'état-major, prit le commandement à la place du colonel. [...]
Le 6 juin, les Allemands attaquèrent, des chars poussant devant eux tous les prisonniers qu'ils avaient pu faire. Démunis de tout matériel d'artillerie, il nous était impossible de tirer à grande distance. Nous étions désespérés. Je revois encore ce Lithuanien qui refusait de lâcher son fusil-mitrailleur et ne ratait jamais sa cible. A bout de quelque temps, les Allemands envoyèrent un message réclamant notre reddition. A quoi le commandant Hermann répondit : "Nous avons ordre de tenir et nous tiendrons." Ce qui fut fait jusqu'à l'épuisement des forces et munitions. Alors, on brûla les livrets militaires. En fin d'après-midi, les Allemands prirent possession de la ferme. A ce moment-là seulement, le commandant donna ordre de hisser le drapeau blanc et de stopper le combat. Puis vinrent ces rituels de guerre pleins de déférence qui, à l'issue de toute cette violence, semblait provenir d'une autre planète. Le commandant allemand se présenta devant le commandant Hermann. Il le salua, le félicita de cette belle résistance et lui fit présenter les armes."
Extrait du chapitre 4 (L'ombre de la guerre) du livre de Fred Samuel "Mémoires d'un joaillier" 


Si tous avaient résisté comme eux!!


"Marchélepot, au sud de Péronne, est tenu par le 22e régiment de marche de volontaires étrangers. Le village tombe après des combats de rues et de barricades. On se bat furieusement à l'entrée de l'église, défendue par des preux qui lancent leurs grenades debout sur les barricades jusqu'au moment où ils sont abattus par l'assaillant. D'autres tiennent un boqueteau qui est écrasé par les obus. Les survivants se réfugient au P.C. et la lutte se poursuit dans la cour d'une ferme. Quelques légionnaires se suicident pour ne pas tomber vivants aux mains des Allemands." (4)
"Il n'en est pas moins vrai que pendant deux jours, le 22e R.M.V.E. a résisté héroïquement, et malgré la violence des bombardements d'artillerie et d'aviation, malgré la supériorité numérique et matérielle de ses adversaires, il a réussi à se maintenir dans les localités dont il avait la garde, il n'a cédé que fautes de munitions, conclut, fort justement, Pierre Vasselle.

Le 6 juin c'est à cette date que Fred Samuel et son ami Sobolevicius seront faits prisonniers.

Ils sont dirigés vers la citadelle de Cambrai, vint le transfert vers Allemagne et le Caporal-Chef Samuel va s'évader au mois d'Aout, et rejoindre Paris. Salomon Sobolévicius arrivera au fameux Stalag 13 C.près de Hammelburg en Allemagne, il ne pourra s'évader qu'en 1945. *



Ce tableau est intéressant, si quelqu'un peut nous aider pour nous expliquer ce que sont ces décorations !!!
J'ai reçu aussi de Mr Henri Zytnicki qui s'occupe de la mémoire de ces régiments étrangers une photo ce 22/11/2013.


Le père de Mr Zytnicki qui m'a transmis cette photo, faisait partie du 21 eme régiment des volontaires étrangers, il a été tué à Chatillon sur Bar (ardennes) le 8/6/1940

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Dix minutes après, Monsieur Zytnicki m'adresse la fiche de Fred Samuel.
Pendant ce temps Fred Samuel rejoint Paris, reprend son commerce, se remet au travail et j'ai pu trouver une publicité de lui de septembre 1941 dans le journal le Matin. Il indiquait "A côté du Ministère de la Marine"


Mais en décembre 1941 l'étoile jaune est apposée sur sa vitrine, et peu après le Commissariat général au questions juives le force à enlever son nom "Samuel". Des 1940 les services allemands avaient commencé à voler consciencieusement les biens juifs.

Otto Abetz serrant la main du Maréchal Pétain

 Otto Abetz, leur Ambassadeur avait profité de l'exode pour faire main basse sur les collections d'art, mais en fin 1941 les allemands frappèrent la communauté juive française d'une amende d'un milliard de francs à payer sur la vente de biens juifs et n'oublions pas que c'est la caisse des dépôts et consignations (bien de chez nous) qui géra ces vols.

S'il n'était pas parti, il aurait été aryanisé, c'est à dire que son affaire aurait été confisquée, volée, au profit d'un repreneur aryen, donc non-juif, liquidée par un syndic complaisant, avec un administrateur nommé par les allemands.  Donc trois mois plus tard, en mars 1942, il passe en zone libre mais est arrêté et incarcéré à Rodez, sinistre prison, relâché il est à nouveau incarcéré au camp du Vernet,



Camp du Vernet 

 Sinistre camp avec des baraques ou on entassait les gens. Surtout les étrangers, les juifs, les baraques mesurent 66 mètres de long et 3 mètres environ de large. Il y a 200 prisonniers par bâtiment.
Il en sort en 1943 grâce à la complicité d'amis, il change de nom, devient le sergent Soulas et rejoint le maquis du Vercors,

FFI franchissant un pont détruit pendant la 
Bataille de Montélimar

Il va prendre le commandement de la 17 Eme compagnie des FFI. Il aura la chance d'échapper au massacre allemand des maquisards, et accompagnera les américains pour la bataille de Montélimar.


Seules des troupes à pied peuvent fuir vers le nord. Ce sont 3 500 véhicules abandonnés, 2 500 morts et 3 000 prisonniers au total. Le général américain Lucian Trusott , commandant le VIecorps d'armée US, écrit dans ses Mémoires, « De Montélimar à Livron, routes et voies ferrées étaient jonchées d'épaves de chars, de canons, de véhicules de toutes sortes. Des centaines de cadavres d'hommes et de chevaux couvraient la plaine ».
La retraite allemande se transforme en déroute. (wikipédia)

Puis Fred Samuel suivra les Américains à travers le Jura jusqu'à Vesoul, il sera décoré de la croix de Guerre, de la médaille militaire, il aura mérité d'accéder au grade de commandeur de la Légion d'honneur.
Il rentre au mois de Septembre 1944 à Paris et se remet à nouveau au travail.


Photo aimablement communiquée par la maison Fred :  Fred Samuel à gauche avec Mr Fazincani, qui avait gardé la boutique pendant la guerre 39-45 et Odile une vendeuse, à l'entrée du magasin 6 rue Royale en mai 1945


Publicité Fred De 1945



La publicité qui précédait cette photo est d'autant plus intéressante, qu'il y a l'original en or et diamant conservé dans la collection FRED 

C'est le 21 février 1945 que Fred Samuel va faire insculper son poinçon (garantie 1721) pour Fred Joaillier, donc les lettres F.J. et un obélisque (Source AZUR 1948) Jusqu'à cette date il était noté "Fred Bijoutier en boutique" son téléphone était OPE 63 69


Cette broche or, platine et diamants a été fabriquée en 1945 environ (peut-être plus tard vu le style) mais elle a appartenu à Thérèse Samuel


1958 dans la revue des "Cols Bleus" Fred Samuel offre un lot à l'entraide sociale de la Marine


Après les succès s'enchaînent, il aura comme clients et amis de nombreux hommes et femmes célèbres, des artistes tels que Jean Cocteau ou Bernard Buffet, l'épouse de l'ancien président indonésien Soekarno à la princesse Grace de Monaco. Mais cette partie est connue de tous ?


Diverses publicités citant une collaboration entre Jean Cocteau et Fred 





Elles m'ont été communiquées par La Maison Fred et je les en remercie



Caroline et Grace de Monaco


Marie Laforet


Jane Birkin

Cet entrepreneur avisé est un des premiers à installer des magasins dans les aéroports et à ouvrir le samedi à une époque où ses confrères de la place Vendôme fermaient le week-end.
 

Mr et Madame Samuel née Halphen


Fred à New York, sa femme est au centre





1986 Johnny


Fin des année 80 carte postale de FRED, Hotel Loews à Monte Carlo par Razzia.

Publicité de FRED en 1989 par Razzia


Belle Publicité des années 80 dans GEO-Magazine
Le photographe était J. Walter Thompson.



En 1986 il fête ses noces d'Or



C'est justement en 1986 qu'il va fêter le cinquantenaire de sa maison, le petit pas de porte s'est agrandi.

A propos du rêve américain de Fred Samuel, Christian Blanckaert écrivit qu'il "gardait en mémoire une conversation en 1998 avec un homme d'une rare élégance qui avait donné beaucoup d'essor à son entreprise. Fred était une maison de famille bien portante, en bonne santé financière disposant d'un capital très stable. Fred Samuel était hors du commun. Fred Samuel m'expliquait "qu'il fallait aller aux Etats Unis, qu'on ne pouvait pas être une maison de luxe sans avoir une filiale américaine.
C'était un principe ; Ce principe là l'a perdu. Fred a rapidement vendu à LVMH plombé par les Etats Unis, étouffé par Los Angeles"

En 1995 Fred rejoint le groupe LVMH

Evidemment il y a les bijoux des célébrités, mais à côté de l'histoire de Samuel, ?

Notons le fameux collier de Pretty Woman en 1990


Le non moins fameux "Force 10" or et acier de 1966


Et puis une jolie pub


*




Ces deux photos sont à rapprocher par le décor, la première est celle publiée plus haut de Solemas Sobolevicius et de son fils Guy Sobolevicius qui doit dater des années 1950 et la seconde que j'ai déja publiée, tirée du livre d'Arlette Scali, la représentant sur cette photo en compagnie de Lucienne Arpels et son futur Mari Mr Herrera et que madame Scali date de 1932.
Surprenantes photos prises a quel endroit ? Certainement un site comme le jardin d'acclimatation ? Ou autres ? Mais un photographe a travaillé des années avec ce même décor.


Fin 2022 une retrospective avec une très belle exposition au PALAIS DE TOKYO



Si vous avez un commentaire: richard.jeanjacques@gmail.com

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