dimanche 27 novembre 2016

Joaillerie dite CHAUMET des origines à "l'Affaire": 2 eme époque : Les Fossin

La Maison Chaumet peut-elle s'enorgueillir d'exister depuis 1780? Peut elle affirmer?
"C’est dans cette tradition que se distingue à la fin du XVIIIème siècle le fondateur de Chaumet, Marie-Etienne Nitot."

Non, il n'y a aucun lien entre M-E Nitot, les Fossin, les Morel et ce n'est que parce que Joseph Chaumet épouse la fille de son patron qu'il en vient à créer la saga Chaumet en 1875.



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Petite énigme (pour moi) car certains attribuent à Jean-Baptiste Fossin la fabrication de ce diadème en 1810, il a été réalisé pour la Princesse Catherine Bagration (en Russe: Екатерина Павловна Багратион ) née Skavronskaya (7 Décembre 1783 - 21 mai 1857 ou 2 Juin 1857) C'était une princesse russe, mariée au général Pyottr Bagration. Elle était connue pour sa beauté, ses amours et ses comportements non conventionnels. Elle s'est mariée en 1800 mais a rompu définitivement avec son mari en 1805 et est partie à Vienne. Donc Fossin signait-il de son nom a cette date?
Les pierres roses de ce superbe diadème sont des spinelles.


Autre énigme qui doit être due a une erreur de mémoire, car dans la Revue Britannique de septembre 1854 , il est rendu compte d'un fait datant de la Bataille Austerlitz, en 1805. Fossin y est cité, or il ne succéda à Nitot qu'en 1815:

A la même époque, on parlait beaucoup d'une splendide parure en diamants offerte à Joséphine par le joaillier de la cour, Fossin, et qui se composait d'un diadème, d'un collier et de pendants d'oreilles.
Le prix demandé pour ces riches bijoux était un demi-million, et si j'ai bonne mémoire, je crois même avoir entendu parler d'une somme beaucoup moindre, environ trois cent mille francs. Joséphine, dont la bourse était toujours vide, désirait vivement acheter la parure; mais l'Empereur ne voulait pas entendre parler de cette nouvelle dépense. Naturellement Paris donnait carrière à ses médisances sur ces petites scènes d'intérieur. C'était l'éternel sujet des conversations du beau sexe, et il accourait en foule chez le joaillier pour voir ce qu'un empereur pouvait refuser à une impératrice. Au jour marqué, les affiches annonçant la première représentation des Templiers, apparurent à tous les coins de rue. J'avais été assez heureux pour me procurer une place d'où je pouvais parfaitement voir le couple impérial. Napoléon se plaça en avant, Joséphine à côté de lui. Au commencement du second acte, Leurs Majestés le roi et la reine de la tragédie entrèrent à leur tour en scène. Mademoiselle Georges, avec son port vraiment royal et dans toute la splendeur de ses charmes, n'éblouissait pas moins par l'éclat de son diadème, de son collier, de ses pendants d'oreilles ruisselant de mille feux. Au moment où elle approcha de la loge impériale, Joséphine, appuyée sur la balustrade, fit un mouvement de surprise et retomba dans son fauteuil comme si elle était frappée de la foudre. Dans l'étincelante parure de l'actrice, elle venait de reconnaître les diamants tant convoités. Pendant cet épisode imprévu de la représentation, Napoléon, on le pense bien, garda le plus imperturbable sang-froid. Pour le monde parisien, ce fut une nouvelle mine d'anecdotes sur ce qui avait pu se passer le soir aux Tuileries, dans les petits appartements. Mais je me borne à répéter ce que j'ai vu. »
Laissant à M. V. Nolte la responsabilité de ces caquetages, nous allons le suivre dans le Nouveau-Monde.
En juillet 1805, il mit à la voile pour New-York où il arriva en quarante-deux jours; 


Place Vendôme en 1871

Jean Baptiste Fossin naît le 20-juin 1786 à Paris (paroisse Saint André des Arts) et décède le 5 octobre 1848 à Bièvres à l'âge de 62 ans.
Mais petit retour en arrière, au 1er chapitre de cette saga, nous avions quitté François-Régnault Nitot au 15 place Vendome.  Il avait succédé à son père Marie Etienne en 1809 et à la chute de l Empire il cède son affaire à Jean Baptiste Fossin son chef d'atelier.
Or aucun Fossin n'a été installé au 15 place Vendôme.
Il m'a fallu plusieurs heures pour trouver et comprendre,..... François Régnault a cédé "son affaire" à Fossin Père en 1815 mais Jean Baptiste Fossin ne reste pas au 15 place Vendôme (futur Hotel Ritz)  il va s'installer au 78 rue de Richelieu dès 1816, puis au 62 rue de Richelieu dès 1833, Prosper Morel deviendra directeur de la Maison Fossin en 1862


Dès la "restauration Bourbonienne, Jean Baptiste Fossin occupe une place prééminente parmi les joailliers parisiens, car il joint à une parfaite maîtrise technique une véritable nature d'artiste" Isabelle Lucas, historienne.

Le Livre " Les Centenales Parisiennes" cite Jean Baptiste Fossin comme étant "un homme de goût et de talent, qui ne fit pas seulement de la joaillerie très belle et bien imaginée, comme l'atteste la magnifique collection des dessins qu'il avait composés, mais il se livrait encore à des travaux de riche bijouterie, en incrustant des pierres dures avec de l'or, montant avec de belles garnitures à figures en or des coupes d'agate orientale, ornant de brillants des sabres pour l'Orient, et rehaussant parfois d'émaux différentes pièces de joaillerie. Il fut un des premiers à faire des bouquets en brillants, reprenant en cela les traditions de Lempereur et de Pouget, et les autres joailliers suivirent fort longtemps la voie qu'il avait tracée. Morel, devenu depuis un joaillier renommé, était alors son chef d'atelier."





1820??,La scène charmante qui décore le couvercle  de cette boîte est tirée de "Le berger et la bergère", un tableau de François Boucher (1703-1770),qui se trouve désormais à la  " Wallace Collection", de Londres. Les miniatures sont censées avoir été peintes par Charles Nicolas Dodin, le peintre par excellence à l'usine de porcelaine royale de Sèvres, en 1765. scènes de Boucher de la cour et le pays la vie était une source de décoration populaire pour les boîtes d'or.
Une inscription dans les registres de la lunette indique que la boite a été fabriquée par Fossin et Fils Joailliers du Roi a Paris.



 

Photo du livre"Bagues" de Diana Scarisbrick

En 1821 après la mort de Napoléon  nombres de fidèles portèrent des bagues commémoratives celle- ci qui s'ouvre  et révèle une silhouette de l'Empereur en uniforme de général et c'est certainement un modèle très proche que Fossin réalisa pour madame Bingham, femme d'un banquier américain qui vivait à Paris, la bague était en forme de cercueil avec le monogramme  "N"  gravé dans le cristal de roche et flanqué de chaque coté, de l abeille impériale en noir.





Sans date précise mais de Fossin et fils, donc a partir de 1825.

Tabatière rectangle en or 750-1000°, revendue par Christie's. Au centre, plaque qui représente des cerfs dans un paysage. Signé Fossin et Fils Joailliers du Roi Paris N°4.



Dans la Revue "Le bazar Parisien" en 1826 





Bracelet en or jaune 1830 env, orné dans sa partie centrale d'une miniature sur ivoire représentant le portrait d'un enfant, dans un encadrement octogonal à décor ciselé d'enroulement. Le bracelet articulé de huit quarte feuilles nervurés de grains d'or, encadrés de deux chaînes à maillons oblongs. Portrait signé Meuret. Paris.
Maître orfèvre: J.L Crouzet, 1819 - 1838. Dans son écrin, porte une étiquette «FOSSIN, Joaillier-Bijoutier, Rue de Richelieu n° 78 à Paris» Longueur: 19 cm - Poids du bracelet: 38 g François Meuret fut peintre miniaturiste attitré de Louis-Philippe et de la famille d'Orléans et fit un grand nombre de portraits des personnages de la cour. Revendu par Maitre Fraysse

Depuis 1828 le fils de Jean Baptiste , Jules Jean François apprend aux cotés de son père. Il joint les talents d'un artistes à ceux d'un homme d'affaires.






Dessin de Fossin ou figure de nombreuses fleurs comme ci-dessous le diadème conservé par la maison Chaumet


Diadème qui pouvait être transformé en trois broches (Magazine Grazia)




Diadème de Fossin que la maison Chaumet situe en 1825 , il fait partie d'une parure avec un collier et des pendants d'oreilles, les dessins figurent dans le "dictionnaire international du bijou" à la page Fossin
Fossin avait trois ateliers différents : celui consacré spécialement aux pièces d'art et à la lapidairerie, et dont Valentin Morel avait la direction en tant que chef d'atelier de 1834 à 1842, se trouvait dans la Cité et comprenait une quinzaine d'ouvriers; l'atelier de joaillerie, situé rue Richelieu, était dirigé par Daras et occupait de vingt à trente ouvriers selon les besoins; enfin, Crouzet père dirigeait aussi pour Fossin un atelier situé rue Coquillière, où travaillaient de douze à quinze ouvriers faisant la belle bijouterie. Ces ateliers, ainsi que beaucoup d'autres, furent dispersés lors des événements de 1848.




Jules Fossin Fils

En 1830, Fossin s'était associé son fils Jules, qui le secondait admirablement et qui notamment, lors du mariage du Duc d'Orléans, en 1837, prit une part importante à l'exécution des bijoux de la corbeille, commandés en grande partie à la maison Fossin. Jean-Baptiste Fossin, en raison des aptitudes spéciales de son fils pour les affaires, lui en laissa de plus en plus la direction, et finit par quitter tout à fait sa maison en 1845, désirant s'adonner plus complètement à la peinture et à la sculpture qu'il pratiquait avec succès.
Il semblerait que jusqu'à sa mort, il ait mené une vie de riche rentier, d'homme d'affaire et de notable, son nom figure dans la liste des deux cent actionnaires les plus importants de la Banque de France*.
*Lors de la création de la Banque de France en 1800 l'article 11 de ses statuts stipule que « les 200 actionnaires qui composeront l'Assemblée générale seront ceux qui seront constatés être, depuis six mois révolus, les plus forts propriétaires de ses actions ».

Ayant doublé son capital sous le Second Empire, il achète un hôtel particulier aux abords du parc Monceau et un château à Echarcon.


Sculpture de Fossin

Au Salon de 1846, Jean François Fossin envoya une tête d'étude en marbre, la Prière un buste de jeune fille et le Triomphe du Christ, grande toile, reproduite en gravure par Hte Garnier, et que doit posséder actuellement l'église de Rueil.


Statue de Fossin père

L'année suivante, Fossin exposa le Miroir, statue de marbre, et un tableau représentant la Vierge et l'enfant Jésus aux Passiflores. Ces envois au Salon de 1847 valurent à Fossin une médaille de 3e classe. Son fils Jules cultivait aussi les arts, puisque, non seulement il faisait beaucoup de sculpture comme son père , mais il envoya au Salon de 1852 "l'esquisse"

Cette gravure, déposée à la Bibliothèque nationale en 1845, montre le Christ debout sur les nuages, tenant près de lui sa croix et terrassant le Mal figuré par un monstre qui vomit des flammes. Des anges, s'accompagnant d'instruments divers, célèbrent la victoire du Sauveur.




Cette litho de 1831 pour nous situer par rapport à la mode de l'époque.

Si Fossin était déjà Joaillier des enfants de France sous Charles X, il obtient en 1832 le brevet de Joaillier du Roi et de la famille royale.

Jean-Baptiste Fossin fournit pierres et perles à de grandes maisons d'Amsterdam, Londres et Paris et à des agents de vente à Londres, Francfort, Madrid.
1833 Pourquoi les Fossin ont quitté le 78 rue de Richelieu pour aller au 62? A cause du percement de la Rue de la Bourse.



Plan du Terrier Royal

Lorsque le percement de la rue de la Bourse, décidé platoniquement par une ordonnance royale du 16 juin 1824, s'effectua enfin en vertu d'une autre ordonnance royale du 17 janvier 1830. La construction du Théâtre Feydeau. de la rue des Colonnes et de la place de la Bourse avait réduit à peu de chose l'ancien fonds des hôtels Croiset et Rossignol. La rue de la Bourse en acheva la disparition. Frappée d'expropriation par jugement du 9 juin 1832. l'ancienne maison, no 78, fut vendue à M. Perier, concessionnaire du percement  qui la démolit entièrement pour laisser passage à la rue nouvelle. Il resta libre sur la droite une étroite lisière de terrain qui fut réunie à celui sur lequel M. le vicomte de Sancy construisit la maison n° 76, aujourd'hui 78.

La rue de la Bourse ne fut nommée qu'après la démolition de l'ancien 78, en vertu d'une ordonnance royale du 8 juillet 1833, contresignée Thiers. Dans le dessein de l'ordonnance de 1824, elle devait être prolongée jusqu'à la rue de Grammont, à travers le no 83 de la rue Richelieu.
L'expropriation chassa l'un des principaux joailliers de Paris, M. Fossin, qui habitait là depuis au moins dix ans; élève et successeur du célèbre Nitot, joaillier de Napoléon Ier, il avait dirigé l'exécution, comme chef d'atelier, de morceaux célèbres, tels que la tiare du pape, la couronne du premier roi de Bavière, etc., etc.


Le renouveau de l'émail à l instar de Charles Wagner se confirme, la Thèse de madame Anne Dion-Tenenbaum nous indique que les Fossin vendent un vase quadrilobé à Louis-Philippe, qui l’offre au maréchal Gérard; quelques rinceaux d’émail bleu et des cabochons de grenat et de mosaïques de pierres dures en rehaussent les lobes (Darmstadt, Hessisches Landesmuseum). 

En 1835, le duc d’Orléans achète aux Fossin un vase couvert en vermeil, à « ornements arabesques bleu saphir », orné de cinq grenats, de cinq têtes de chérubins, de cinq émeraudes au pied, et d’un amour assis avec un écusson sur le couvercle . On peut se demander si les bijoutiers Fossin n’ont pas recours à la collaboration des frères Marrel pour ces deux oeuvres. En effet, à l’exposition des produits de l’industrie de 1839, les frères Marrel exposent un vase dit vénitien (Londres, Victoria and Albert Museum), étrangement proche du précédent . Toute la surface de cette coupe couverte est parcourue d’arabesques en émail champlevé bleu translucide, avec des palmettes; le décor se
compose par ailleurs de grenats, d’enfants et, sur le couvercle, d’un enfant debout, soufflant du cor et tenant un écusson. Ces arabesques en camaïeu émaillé de bleu deviennent une de leurs spécialités, vantée par Paul Mantz, qui cite comme exemple de réussite dans le genre une aiguière commandée par le duc d’Orléans et une jardinière exécutée pour Madame Adélaïde 






Importante miniature représentant Louis-Philippe en grand habit signée «Millet» et datée «1834», elle est inscrite au centre d'un presse-papier en vermeil finement ciselé et serti de pierres fines et malachite; la prise articu­lée à décor de feuilles. Signé «Fossin et fils joailliers du roi». Époque Louis-Philippe Revendu par Maitre Beaussant Lefevre
.





Tabatière de forme rectangulaire en or finement guilloché ciselé et amati(mat). Elle porte au centre le chiffre LP du Roi Louis-Philippe surmonté de la couronne royale dans des encadrements de feuilles de laurier et de chêne. Frises à toutes faces de palmettes, rinceaux et fleurs sur fond amati et décor de fine vannerie. Gravée sur la batte "FOSSIN, joaillier bijoutier du Roi à Paris "et le numéro 916". PARIS 1819-1838. Maître-Orfèvre : Jean-Baptiste FOSSIN. Poids : 165,9 g. H_2 cm L_8,5 cm P_6 cm  Revendue par Pierre Bergé Auction.








Même type de fabrication et de traitement du métal en amati,  la maison Artcurial a revendu cette boite en or  gravée sur la gorge "Fossin Joaillier bijoutier du Roi"  mais la boite a été fabriquée par Gabriel Raoul Morel  avec une miniature de Louis Philippe Roi des Français.
La miniature est de Madeleine Pauline Augustin "1781-1865"
Poinçons : - Orfèvre, Gabriel-Raoul Morel, G.R.M, une oreille. - Titre, or, taureau (3ème titre), Paris 1819-1838. - Garantie, tête de Sardanapale, Paris 1819-1838. 
Dans la revue du Conservatoire des métiers:





Installés depuis 1833 au 62 rue de Richelieu "Fossin Père et fils" déposent un brevet.



Pour le Voyage de la Princesse Hélène de Meklembourg, Duchesse d'Orléans , en 1837, Fossin fournira cet ensemble d'orfèvrerie.





Cette coupe magnifique a été d'après (Sotheby's New York Sotheby, le 14 Juin 1999, lot 29 ) achetée à Fossin par le baron Anthony de Rothschild en 1836 mais elle a été fabriquée par Jean Valentin Morel.
Elle est ovale, les poignées sont constituées de Sirènes ailées émaillées avec les queues de poisson  inclinées. Le poinçon du fabricant existe mais le contrôle est postérieur à 1838 !!!!!!!

Mais aussi:
La collaboration de Lefournier avec Morel remonte à l’époque où Jean Valentin Morel était encore chef d’atelier chez Fossin. Dès 1836, Morel avait exécuté pour Anthony de Rothschild de Londres une coupe en agate rose, supportée par des tortues, avec des sirènes aux anses, copiée sur un modèle du xvie siècle  ; la monture, en or repoussé, selon un procédé restauré par Morel, avait probablement été émaillée par Lefournier : Cité par madame Dion-Tenenbaum Anne dans La renaissance de l'émail sous la Monarchie de Juillet.

1836 ou 1837  Jean Baptiste Fossin est décoré de la Légion d honneur. 



Juge au tribunal de commerce en 1837 et 1839 (cliquez pour agrandir l'image)

le 24 août 1838 naissance du fils du Duc d'Orléans, dès qu'on sut que le nouveau-né allait recevoir le titre de Comte de Paris rétabli en sa faveur par son grand-père, la Ville voulut offrir au jeune Prince qui portait son nom un cadeau digne à la fois de la marraine et du filleul. Il fut décidé, en plus du berceau que la ville voulait offrir, de faire exécuter une épée pour le jeune Comte de Paris. Jules Klagmann, jeune sculpteur parisien alors dans tout l'éclat de sa gloire naissante, et qui devait être plus tard un des fondateurs de "l'union centrale des Arts décoratifs," fut choisi pour dessiner le modèle de cette épée. Suivant le goût de l'époque, il y accumula les allégories et les allusions au Régime, à la Ville, et au jeune Prince. Toute la presse célébra son dessin comme un chef-d'oeuvre, et les critiques les plus difficiles s'accordèrent pour en faire les éloges.





Froment-Meurice avait la direction générale du travail, que l'on avait réparti entre plusieurs
orfèvres et ciseleurs. Fossin avait été chargé de la poignée et de la garde et, en réalité, Vever nous explique que ce fut Morel, son chef d'atelier, qui la fabriqua .

Vever ajoutait « Permettez seulement que je vous dise quelques mots de l'épée du Comte de Paris; c'est l'oeuvre de Morel, oui, mais c'est l'oeuvre aussi de Fossin, qui en a dirigé l'exécution d'un bout à l'autre, je le sais. C'est la ciselure de Vechte, c'est la composition  et la sculpture de Klagmann. Disons, c'est justice, la part que chacun a pu y prendre, mais n'effaçons pas, comme on a peut-être été trop porté à le faire, la part de celui qui, étant nominativement chargé de cette lourde affaire, l'a effectivement dirigée, conduite et amenée à bonne fin.» (Notes sur l'orfèvrerie, adressées à M. le Duc de Luynes par F.-D. Froment-Meurice.)



Poignée de l'épée du Comte de Paris

La gazette des beaux arts a l'époque précisait :"L'épée est de la forme dite à clavier, c'est-à-dire à une seule coquille inclinée vers la lame. Cette forme, mise à la mode sous le premier Empire était restée sous la Restauration le type des armes officielles. Au centre de la coquille, le nouveau-né repose dans un berceau porté par la nef des armoiries de la ville. Sur ce berceau veillent la Ville de Paris, le front ceint d'une couronne murale, et la Fortune propice tenant une guirlande de fleurs et de fruits. Entre elles, un lion couché symbolise l'armée.





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Dans la fusée entr'ouverte, au-dessous de rinceaux entrecroisés, du côté droit de l'arme (côté de la coquille) La Prudence, coiffée d'un casque dont le cimier est un serpent, tient à la main un miroir. Du côté opposé, La Force, avec ses attributs habituels, lui fait un pendant symétrique et complète les allégories de la poignée.
La fusée est surmontée d'un pommeau formé d'une couronne de prince royal en or ciselé, soutenue, par quatre petits génies également en or. Celle couronne est entourée d'un bandeau de feuilles de chêne et de, laurier en émail.
L'arc de jointure unissant le pommeau à la coquille est composé dans sa partie supérieure d'un dragon ailé, dont la tète et le cou sont appuyés à la couronne ; il tient un cartouche sur lequel sont gravées et émaillées les armes du Prince. Au-dessous de ce cartouche, tout en avant de la poignée, un coq gaulois, emblème de la Monarchie de Juillet, se dresse dans une attitude belliqueuse.
Le nœud central de cet arc de jointure est formé de trois pierres magnifiques taillées en table: un saphir, un brillant et un rubis, reproduisant les trois couleurs du drapeau français, proscrit par la Restauration, mais rétabli par la Révolution de 1830 et adopté par Louis-Philippe à son avènement. L'autre partie de l'arc est entourée d'un serpent, attribut de la Prudence, dont les anneaux enroulés rejoignent la coquille.





la Ville s'adressa à la maison Le Page, une des plus anciennes et des plus réputées de Paris pour la beauté et le fini de ses armes. Elle est citée en tête des armuriers de Paris dans les ouvrages du temps , et mentionnée comme une des trois ayant obtenu une médaille d'argent à l'exposition de 1827. On lui adjoignit M. Fossin, joaillier renommé, pour l'émaillerie et la joaillerie de la poignée. Tous deux s'empressèrent d'accepter cette commande flatteuse, et Le Page se mit immédiatement à l'œuvre.




Journal "Le Magasin Pittoresque " 1841




Le 20 mars 1839 cette montre a été vendue par J.B Fossin et son fils Jules Fossin à madame la générale Adadouroff .
Le cadran est excentrique entouré d'une minute de 60 sections de jaspe rouge, lapis lazuli, pierre de sang, calcédoine blanche....la cuvette est en or, signée et numérotée. Mouvement Breguet.
La maison Sotheby's qui l'a revendue indique : "Jean-Baptiste Fossin et son fils Jules étaient des bijoutiers parisiens hautement qualifiés. Pendant un certain temps, ils furent les directeurs du maître joaillier Chaumet." Je ne puis être en accord avec eux , Chaumet n'existait pas encore.





Que disait la presse de la mode en 1839:
Les bijoux sont toujours fort à la mode; ils deviennent indispensables à une toilette du soir. Le jour même, les bracelets de Janisset et de Fossin ornent les bras de toutes les femmes recherchées. —Une longue chaîne de grosses perles fines, tournée plusieurs fois autour du poignet, fait aussi très bien en toilette du soir. Il est encore à remarquer qu'il faut que le dernier rang soit large et fermé par un cadenas de pierreries. Les colliers sont toujours petits. On remarquait au cou de M"" de Mou.... une chaîne de pierres fines, de plusieurs couleurs, dont les pierres, taillées carrément, étaient jointes par une plaque d'or ciselé, entourée de diamants. Ce collier est de Janisset ; la chaîne, se démontant à volonté, peut faire collier et châtelaine en môme temps, car elle a plus d'une aune de longueur.




Le Journal "le Furet des Salons "1839   Des crachats , je ne connais pas cette expression en joaillerie





Pourtant je l ai retrouvée dans des journaux de l époque!! voir en fin d'article*



Cette coupe en agate sur une monture vermeil et émail fut probablement fabriquée en France. Le pied est formé de trois odalisques enchainées. La coupe en agate brune est serti d'une monture ciselée de feuilles d'acanthe émaillées le couvercle est de même facture, surmonté d'une figurine de Vénus et Cupidon, la maison Sotheby's qui l'a revendue nous signale qu'elle est, gravée au-dessous d'une signature apocryphe "Fossin et fils à Paris"
Ce fut aussi a cette période romantique, la mode des bijoux pieux, les bagues rosaires qu'on offrait a l occasion de la première communion les bagues souvenir d'un lieu de pèlerinage,





telle cette bague qui ressemble beaucoup a celle que Fossin réalisa pour le Maréchal Lannes  duc de Montebello, aux environs de 1840. C'est une croix de Foi entourée par le serpent de la sagesse.




1840  Tabatière de Jean Baptiste Fossin et fils, le portrait est celui de Antoine Vitré célèbre imprimeur Parisien du temps de Colbert , réalisé d'après le Portrait de Nanteuil, par Jacques Bordier.







On trouve aussi dans ce même catalogue de la vente de Florence, une tabatière de Fossin d'après une toile de Boucher.
On retrouve cette tabatière  dans une vente publique  à Florence au Palais de San-Donato. 
Catalogue des objets d'art et d'ameublement. Tableaux, dont la vente aux enchères publiques aura lieu à Florence, au Palais de San Donato, le 15 mars 1880 et les jours suivants... 

Diana Scarisbrick dans son livre "Bagues" nous explique qu'a cette époque, seules les personnes très riches pouvaient s'offrir de gros solitaires.

En 1842 Fossin vendit 2 gros solitaires aux banquiers "le Colonel Thorn" et le baron Schickler, tous deux étaient taillés en brillant et montés sur de l'or. Celui du Colonel Thorn était serti  dans un chaton octogonal en émail noir avec un anneau ciselé, celui du Baron, dans un chaton rond maintenu par deux anneaux reliés par un ruban de diamants. La plupart des autres clients se contentaient de pierres  plus petites serties en bouquets ou en rangées, simple, doubles ou triples, en travers du chaton.



Très beau bracelet de Fossin fils en 1847  Feuilles de lierre émaillées or diamants et perles fines (journal Grazia)
Pour Fossin, le lierre toujours vert, qui s'accroche partout ou il pousse, était un autre symbole de  la fidélité .
Après la révolution de 1848, l'activité de la maison Fossin est fortement ralentie en France, ce qui pousse Jules Fossin a implanter une boutique à Londres avec un atelier confié à Jean-Valentin Morel (1794-1860) aidé par son fils Prosper, né en 1825. Ils séduisent une clientèle prestigieuse dont fait partie la reine Victoria, qui accorde à Jean-Valentin Morel le brevet de fournisseur officiel de la cour britannique Morel ferme la maison d'Angleterre en 1850, les affaires sont mauvaises . Lors de l'exposition Universelle de Londres de 1851, Morel reprend la tradition de l'émaillerie  des XVI° et XVII° siècle et réalisa des coupes en pierre dure à monture émaillée. Les Morel retournèrent en France après la création du second Empire en 1852 par Napoléon III , Prosper Morel succéda à Jules Fossin en 1862. La fille de Morel, plus tard épousera un certain Joseph Chaumet .



Ce pourrait être un lustre XIXème avec des globes de lumières Il est en or et argent, roses diamants et 9 perles feuilles mobiles en 4 parties peut se transformer en broche. Ecrin de la maison Morel et Cie J.Chaumet Successeur 62 rue de Richelieu vers 1860

Une étude de Jacqueline Viruega explique que "Fossin va commanditer  pour  300 000 francs la nouvelle société (Morel et Cie), Jean-Prosper Morel la gère, apportant, avec son épouse Anne-Blanche Morel, « son industrie à l'affaire ». Les conditions sont très strictes : la fabrication ne peut être changée, le nom de Fossin ne figure nulle part officiellement, nul autre créancier que Fossin ne peut intervenir, les Morel ne font aucune affaire tant que compte et commandite ne sont pas soldés, sous peine de dissolution. Ils perçoivent un traitement mensuel de 1200 francs et les quatre cinquièmes des bénéfices, Fossin 4000 francs et un cinquième du bénéfice. Le fonds de commerce appartiendra aux Morel à la fin du terme et la commandite payée, avant terme s'ils ont remboursé plus vite. Sinon, le fonds sera vendu pour rembourser Fossin. 

Comme son père et lui avaient été fournisseurs patentés du Roi et de la famille royale, Jules Fossin ne crut pas, par dignité, devoir accepter le titre de joaillier de l'Impératrice qui lui fut offert dès le début de l'Empire. La souveraine semble lui avoir gardé rancune de ce refus, car elle le fit rayer, paraît-il, de la liste des propositions pour la rosette de la Légion d'honneur qui lui fut soumise lors de l'Exposition
de 1867, où Fossin était président du Jury. ce fut Kramer, alors commis chez Fossin, qui remplaça celui-ci dans la confiance de l'Impératrice, bien qu'il fût Prussien.

  
1853


Cette montre est de  Jules Jean-François Fossin, (1808-1869) Bijoutier-joaillier qui exerça de 1825 à 1862

Cette montre avec sa chatelaine est un bijou offert par Napoléon III à l’impératrice Eugénie, qui en fit don à l’une de ses dames du palais, la comtesse de La Bédoyère (1824-1884), épouse de Georges-César Raphaël Huchet, comte de La Bédoyère, sénateur et chambellan de Napoléon III (il était le fils du général-comte Charles de La Bédoyère, fusillé sur l’ordre de Louis« XVIII en 1815). Le bijou fut donné au musée de Malmaison par sa petite-fille, Mme Jean Reimbert, née Nina de La Bédoyère.
Don de Mme Jean Reimbert (née Nina de La Bédoyère) en 1934 , elle peut s'admirer  au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau en 1934.



Montre ronde à remontoir ceinturé de brillants. Le cadran émaillé blanc porte l’inscription « Fossin à Paris » en anglaise. Le boîtier, émaillé de bleu, est entouré de brillants et décoré en son centre d’un grand « E » (pour Eugénie) surmonté d’une couronne impériale, l’un comme l’autre en brillants. Échappement à cylindre.La châtelaine a la forme d’une boucle de ruban en argent émaillé bleu à pans coupés, ceinturée intérieurement d’une rangée de brillants, et est articulée, au dos, avec une spatule. Au centre de l’anneau est fixée, sur deux tiges d’or croisées, une perle baroque entourée de quatre brillants taillés en rose. Elle se termine par un petit élément en brillants attaché à un anneau et à un porte-mousqueton en or découpé.





Clé de ceinture en vermeil à décor d'entrelacs de feuillage. Dans un écrin marqué "FOSSIN et fils joaillier du Roi, 62 rue Richelieu Paris". 
Revendu par Conan Hôtel d’Ainay  : contact@conanauction.fr

En 1856  dans la revue "Le travail Universel, un texte interessant :


 Il leur suffisait que chaque pierre fût solidement établie dans son cercle d'argent, et peu leur importait que tous ces chatons, reliés les uns aux autres, ne dessinassent que des lignes droites, anguleuses, sans élégance et sans mouvement. Nous serions tenté d'appeler ce système I'enrégimentation des diamants. Mais on comprit enfin que ces brillants petits cailloux, si purs, si lumineux, ne devaient se rapprocher que pour former de gracieuses cadences, et qu'on pouvait, en groupant ces transparents atomes imiter ce que la nature, en son radieux printemps, nous offre de plus léger, de plus diaphane, de plus charmant. M. Fossin père est le premier, m'a-t-on dit, qui se servit des diamants pour en faire des bouquets.



Que les reines des bals et les princesses de beauté en rendent des actions de grâces à M. Fossin père 1 Les joailliers qui l'ont précédé me rappellent ces méchants poètes qui emploient les mots les plus sonores et les plus ambitieuses syllabes pour ne composer que de froids et classiques alexandrins. Mais combien différents nous semblent ces mêmes syllabes, ces mêmes mots, lorsqu'un vrai fils d'Apollon s'en empare et leur communique le sentiment qui est en lui 1 Au lieu de marcher péniblement, le vers vole, court, frémit, et sous le souffle du poète, s'agite comme la feuille qui tremble quand vient la caresser l'amoureux zéphyr. Ainsi s'est transformé le poétique langage des pierres précieuses aujourd'hui, aux mains d'un joaillier artiste, la topaze, l'émeraude, le rubis, le saphir, la perle, le diamant, ces syllabes éclatantes, ces mots splendides, composent des stances animées, des odelettes légères, où brille une idée, où perce un sentiment.





Dessin de Fossin qui lança la mode des Bouquets




Bracelet rigide articulé en or jaune ciselé appliqué de quatre cabochons ronds de lapis-lazuli. XIXe siècle. Poids brut: 47 g Dan un écrin en cuir rouge monogrammé de la Maison Fossin: Revendu par Maitre Beaussant Lefèvre
contact@beaussant-lefevre.com




En 1865 "Jules Jean François Fossin" est en retraite mais le journal "La Célébrité" nous apprend qu'il est membre de la commission d'organisation de la section française de l exposition Internationale de Porto.

Il avait acquis une reconnaissance et une célébrité qui fit qu'Honoré de Balzac le cita trois fois dans ses oeuvres comme la Comédie humaine.
Ce fut je crois, en ouvrant un pâté de foie gras que ma jolie hôtesse dit à son mari d'un air délibéré: Alexandre , si tu étais bien aimable tu me donnerais cette paire de girandoles que nous avons vue chez Fossin. Mariez vous donc!

De Vigny, ce vrai poétique qu'on arrange, et qui ressemble à la réalité comme les fleurs en pierreries de Fossin ressemblent aux fleurs des champs.
Elle était coiffée avec des grappes de raisins en jais du plus beau travail, une parure de mille écus, commandée chez Fossin pour une Anglaise partie sans la prendre.
Alfred de Musset aussi et de nombreux écrivains et journalistes citèrent Fossin pendant plus de trente ans.




*Crachat :nom masculin Dans le Larousse.

Substance normale (salive) ou pathologique (sécrétions muqueuses purulentes ou hémorragiques) rejetée par la bouche, en provenance des voies respiratoires ou aérodigestives (bouche, pharynx).

Familier. Décoration (plaque, rosette, etc.) des degrés supérieurs des ordres de chevalerie.

Défaut d'une glace souvent dû à des inclusions de fontes.

Il n'y a qu'un prince allemand qui puisse se mettre sur la poitrine ces tissus à jour, où tout est festons et astragales, et encore faudrait-il y ajouter, comme assortiment, la perruque de soie, les épaulettes en diamants et le luxe de broderies et de crachats qui distinguent les cours de la Confédération germanique. "L'industrie en Europe / par Louis Reybaud 1856"
Panaches orgueilleux, uniformes brodés, claques chamarrés, rubans de toutes couleurs, crachats de diamants ; les riches costumes ne manquent pas. "La Rue : Paris pittoresque et populaire 1867"

en conséquence, il se dirige vers les galeries du Palais-Royal; il entre, le front levé, dans un de .ces magasins étincelants où, sur des coussins de velours, s'étalent des plaques de pierreries, des crachats de diamants, des croix de toutes les dimensions, éblouissants spécimens de tous les ordres de la terre. "Le figaro 1892"

Dans la grisaille, ce sont les dorures du gouverneur militaire de Paris. Des crachats de diamants miroitent sur les burnous. Un grand-cordon orangé, un grand cordon de moire bleue égaient, çà et là, les amples robes crayeuses. Il est trois heures, la foule grossit. Enfin, un long appel de clackson, et d'une automobile étincelante autour de laquelle les curieux s'empressent, descend — j'allais écrire saute — le maréchal Lyautey.
"L' Afrique du nord illustré 1924"




Les commentaires sont les bienvenus : richard.jeanjacques@gmail.com


vendredi 11 novembre 2016

Joaillerie dite CHAUMET des origines à "l'Affaire": 1 ère époque : Les Nitot : 1780 à 1815

La Maison Chaumet peut-elle s'enorgueillir d'exister depuis 1780? Peut elle affirmer?
"C’est dans cette tradition que se distingue à la fin du XVIIIème siècle le fondateur de Chaumet, Marie-Etienne Nitot."
Non, il n'y a aucun lien entre M-E Nitot, les Fossin,  les Morel, et ce n'est que parce que Joseph Chaumet épouse la fille de son patron qu'il en vient à créer la saga Chaumet en 1875.



Chaumet Joaillier,

C'est une vielle Maison, plus de 250 ans , c'est pourtant une histoire qui a connu de nombreux épisodes, de nombreux rebondissements. 

Peu de textes, de grandes inconnues, à part la fin de l affaire familiale en 1987 et ses rebondissements juridiques.
Peut on dire comme le site internet de "Chaumet "l'affirme?: 
Joaillier parisien depuis 1780, Chaumet réalise au cœur de la place Vendôme des diadèmes, des pièces de haute joaillerie et des garde-temps d’exception.
Joseph Chaumet (par mariage) n'arrive qu'en 1885  chez Morel , et s'installe  place vendome en 1905 et il n'y a aucun lien de parenté entre Nitot, père et fils ou Fossin Père et fils, et Chaumet .Il était donc intéressant de démêler cet écheveau.



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Le premier de la Saga Chaumet est Marie Etienne Nitot, il naît le 2 avril 1750. Il fait son apprentissage chez Auber le Joaillier de Marie Antoinette.

Reçu Maître*,  c'est en 1780 qu'il ouvre  un petite bijouterie  Rue Saint Honoré. de l horlogerie, de la bijouterie mais pas de joaillerie. 
Pour se re-situer en 1780 le Marquis de La Fayette embarque pour les États Unis après avoir persuadé le Roi Louis XVI de fournir une aide militaire et financière  pour soutenir les troupes de Georges Washington. Louis XVI est encore puissant, mais va être affaibli en 1785 par l'affaire du collier de la Reine.
Pourtant, Marie Etienne Nitot va garder sa fidèle clientèle aristocratique jusqu'à la Révolution Française de 1789.  C'est quelques temps après que Nitot prend son envol .
* voir en fin d article



De la difficulté de dater les objets: Cette tabatière en or revendue par Christie's dont les experts ont relevé les marques présentes sur cette pièce.
Cette boite aurait été fabriquée par Adrien -jean-Maximilien Vachette (1779-1839; poinçons de la période 1798-1809 au titre de 20,5 carats gravée du nom du revendeur  avec un "N° 229 Etienne Nitot et fils Jouailliers bijoutiers de SM l'impératrice et Reine à Paris.)
Re poinçonnée plus tard après 1838, et le tout avec une miniature en émail de Jean Petitot à Paris circa 1670.



Nitot est signalé participer à l'inventaire des pierres et bijoux de la  Couronne 

Par les décrets des 26, 27 mai et 22 juin 1791 l'assemblée constituante décide de faire dresser l'inventaire des diamants et pierreries de la Couronne. L'inventaire compte 9 547 diamants, 506 perles, 230 rubis et spinelles, 71 topazes, 150 émeraudes, 35 saphirs et 19 pierres. Le prix des joyaux est estimé à 23, 922, 197 livres. Le "Régent" est estimé à 12 millions, le "bleu de France" à 3 millions, et le "Sancy " à 1 million. Marie Etienne Nitot fera partie du comité qui fera cet inventaire  qui sera déposé en 1793. 




Magasin de Nitot place du Carroussel

Il changea de domicile professionnel à plusieurs reprises,  il  se transporta place du Carrousel, n° 36. Sur la façade de l'établissement, on pouvait lire l'inscription suivante :


 « Boutique de M. Nitot, bijoutier-joaillier de sa Majesté l'impératrice. ›




Peu de bijoux de Nitot de cette époque subsistent , voici une tabatière rectangulaire avec sur le couvercle  un camée ovale réprésentant le Dieu Esculape que Joséphine de Beauharnais offrit à Jean Nicolas Corvisart médecin personnel de Napoléon Ier, le plus célèbre clinicien du premier Empire.
Musée : Rueil-Malmaison, châteaux de Malmaison et Bois-Préau

Nitot  s'établit aussi rue de Rivoli n° 2 et 4, puis, vers 1813, au n° 15 de la place Vendôme;



J ai eu du mal a trouver la preuve de son installation au 2 rue de Rivoli. La voici

Il se trouvait à l'emplacement actuel du CIC

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Sur cette vue "Aérienne" on peut distinguer 3 emplacements des magasins de Nitot
1: Place du Carrousel
2: Rue de Rivoli
3: place Vendôme

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Lors des travaux de la rue de Rivoli, certains immeubles furent réalignés, dont le N° 2 et 4 ou se trouvait Nitot .

Vever le considéra comme un des joailliers les plus importants du premier Empire .
Bonaparte voulait donner de l'éclat à son règne et lorsqu'il voulut se faire sacrer Empereur en 1804 , il décida (sur les conseils de Nitot) d'utiliser les pierreries de l' ancienne Couronne.

Lorsque Bonaparte prit le pouvoir , tous les diamants royaux confisqués par les révolutionnaires devinrent propriété de  l'état, mais petit à petit la presque totalité avaient servis de gage et étaient partis à l'etranger . Par exemple le célèbre "Regent"  servit de gage en 1796 à Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, pour financer la campagne d'Italie.
Bonaparte fit rembourser toutes les avances d'argent consenties par les prêteurs sur cette merveilleuse collection. Tout n'était pas revenu et Bonaparte fit acheter des pierres en vue des cérémonies du sacre.

Germain Bapst dans le livre qu'il avait consacré  à l histoire du vol des diamants de la couronne  avait raconté comment les Voleurs les avaient dérobés  au Garde Meuble National, l'actuel Hôtel de la Marine place de la Concorde , certains joyaux comme le "Régent" avaient été cachés au domicile des voleurs et le reste enfouis dans les Champs.....Elysées qui n'étaient à l'époque qu'un terrain vague.




Une broche émeraudes et diamant de 1802 par Nitot revendue par Christie's dans son écrin rouge d'origine, écrin orné d'une couronne.
Massin qui tenait du petit fils de Salomon Halphen à l'époque associé de Nitot raconta comment Bonaparte fit connaissance de Etienne Nitot
" Un soir que Bonaparte se rendait au Théâtre-Français, les chevaux de sa voiture prirent peur, s'emportèrent et vinrent s'abattre rue St-Honoré, juste en face de la boutique de Nitot, lequel, voyant ce qui se passait, se précipita au secours du Premier Consul, le fit entrer chez lui et lui prodigua des soins dont le vainqueur et héros impassible de tant de batailles avait, paraît-il, grand besoin. Remis de la secousse éprouvée, Bonaparte remercia Nitot, promettant de se souvenir de lui, ce qu'il fit » Le 18 mai 1804, le Sénat offrait le titre d'empereur des Français au Premier Consul. Tout aussitôt on parla du Sacre, et Nitot, qui avait plus de titres à la gratitude de Napoléon que de connaissances en joaillerie, conçut néanmoins l'ambition de fournir les insignes du Sacre. C'est alors qu'il s'entendit
avec Salomon Halphen, joaillier négociant à Paris, dont l'expérience pouvait lui donner les moyens de réussir.




Palais des Tuileries avant d'être incendié en 1871 par 2 communards

Les deux associés arrêtèrent leur plan et se rendirent aux Tuileries, dont les portes s'ouvrirent toutes grandes au nom de Nitot."
"Voici nos solliciteurs en face du maître de l'Europe ! Nitot, balbutiant et tremblant, expose sa requête. Il demande tout simplement l'honneur de fournir les insignes impériaux.
A cette demande, l'Empereur, qui connaît Nitot et n'a qu'une confiance médiocre dans ses capacités artistiques, fait une moue un peu dédaigneuse, ce que voyant celui-ci s'enhardit.
Il présente alors son ami comme l'homme le plus entendu en joaillerie et prêt à le seconder dans la tâche à remplir. « Soit, dit alors l'Empereur, c'est accordé, seulement le temps presse, tu vas commencer immédiatement ! »"

L'affaire aurait pu capoter à cet instant  car Etienne Nitot n'avait pas les moyens de démarrer les travaux.
 “ Sire, nous voulons  bien, mais nous n'avons pas le sou. ”
L Empereur  n'hésita pas et  signa sur le champ l'ouverture d'un crédit de 2, 500,000 francs sur le Trésor, première avance sur des fournitures qui devaient s'élever de quinze à dix-huit millions.


L épée du Sacre avec sur la garde le "Régent"

Napoléon n'était pas sûr des capacités de Marie-Etienne Nitot pour mener à  bien ces commandes.
Mais en 1801 il lui avait pourtant confié la monture d'une épée ornées de diamants dont le Régent.
Cette épée fut réalisée par Nitot assisté de Odiot orfèvre et de Boutet de la manufacture d'armes de Versailles elle fut a cette époque le symbole du pouvoir Consulaire 
Portée par Napoléon lors de la cérémonie du sacre, le 2 décembre 1804, La poignée en jaspe et or est rehaussée de quarante-deux brillants dont le Régent, pierre de 136 carats. Les brillants sont remplacés par des pierres d'imitation en 1812, lorsqu'une nouvelle arme de cérémonie est réalisée avec ceux de l'épée consulaire. Malgré ce changement, elle reste l'un des objets intimement liés au pouvoir de Napoléon. Vever explique "que le fourreau est en écaille, avec un ornement d'or au tiers supérieur et à l'extrémité inférieure. La lame en acier, triangulaire et évidée à gouttière, porte la marque « Boutet,
manufacture à Versailles ». Elle est ornée, dans la partie qui avoisine la poignée, de damasquine représentant, en dessous, un trophée avec drapeaux, guirlandes, etc., et dessus, des rayons ou "gloires "



Grand Croix de la Légion d'honneur fabriquée par ME Nitot pour Napoléon


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Le 2 décembre 1804, Nitot, après avoir fourni l'épée consulaire , va livrer la Couronne créée pour le sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804
 C”est une pièce d'orfèvrerie un peu archaïque en forme 
de cercle d'où se détachent huit arcs qui se

rejoignent au sommet, sous un orbe surmonté de la croix. L'ensemble de la pièce est décoré de
pierres dures gravées et de camées pour lesquels, dit-on, Napoléon avait une véritable passion. Cette couronne dite « de Charlemagne ›› avait un rôle symbolique puisqu”elle devait établir le lien entre la monarchie nouvelle et l”Empire d'0ccident consacré par le pape Léon III.





Juste avant d'entrer dans la Cathédrale pour le couronnement, Napoléon porta à son coté ce Glaive  qu'il avait fait réaliser par Nitot . Ce glaive est chargé de symboles.


Glaive du Sacre de Napoléon 1811
Par François Régnault  Nitot

 

Pour le sacre du 2 décembre 1804 Napoléon avait commandé à Nitot, le diadème qui figure sur le tableau du couronnement de David.
Ce qu'on sait moins c'est qu'il en fit fabriquer un pour Joséphine , mais Vever le souligne dans son livre.


Celui ci est une copie exécutée plus tard par Bapst, et du Diadème de Napoléon  ne reste aujourd'hui qu'une feuille de Laurier.


Feuille de Laurier restant du Diadème de Napoléon



Napoléon a tenu à offrir au Souverain Pontife une tiare magnifique en remerciement de la bénédiction du Pape  à son sacre. Napoléon  charge Marie Etienne Nitot, assisté du ciseleur Auguste, de confectionner cette pièce que Nitot livrera à Rome en 1805. De cette collaboration, naît un objet d°art qui constitue encore aujourd'hui l'un des trésors pontificaux.
Un mot de Henri Auguste , fils du grand orfèvre Robert Joseph Auguste  créera le style Empire en matière d'orfèvrerie ,  témoin sa soupière d’argent celle qu’offrira la Ville de Paris à Napoléon, à l’occasion de son sacre.
"Auguste appliqua délibérément les techniques nouvelles. Il fut le premier à poser à froid, par écrous et vis, les « accompagnements » des pièces : anses, versoirs et becs. Ces procédés permettaient des amplifications dimensionnelles auxquelles ne pouvait songer l’orfèvre de tradition. Il put, de la sorte, réaliser des ouvrages tels que la toilette de l’impératrice et la garniture d’autel qu’offrit Napoléon à l’église de Saint-Denis en 1806. L’effet général en est solennel, mais les ornements appliqués sur le corps des pièces apparaissent comme étrangers." G.E. Larousse





Article de la Revue de l'Art Français paru en 1907 source BNF



Ce collier et boucles d'oreilles font partie d'une Parure de bijoux plus importante. On pense que l'empereur français Napoléon Bonaparte et son épouse Joséphine l'ont offerte à leur fille adoptive, Stéphanie de Beauharnais, sur son mariage arrangé à l'héritier du grand-duc de Baden en 1806. Fabriqué par Nitot & Fils,  Les grosses pierres et la simplicité de la conception sont typiques de bijoux favorisée à la cour de Napoléon. Les gouttes d'émeraude à l'arrière du collier peuvent être détachées et portées comme des boucles d'oreilles.Elle ont été fabriquée plus tard (V& A muséum de Londres)




Nommé en 1807 Joaillier de l Impératrice Joséphine, Nitot père et fils  lui fournissent une parure de diamants et en 1809 une parure de Rubis et diamants et ce Diadème fut fourni à Joséphine par Nitot
"actuellement dans la collection de la maison Chaumet"

A ce titre de Joaillier de l'impératrice , Etienne Nitot fut sollicité pour choisir des Camées Antique pour l 'Impératrice en 1808, 
Tiré d' un livre de 1838 :Histoire du cabinet des médailles, antiques et pierres gravées : avec une notice sur la Bibliothèque royale, et une description des objets exposés dans cet établissement / par Marion Du Mersan,...qui nous expose:

1808.

Napoléon eut à cette époque la fantaisie de faire présent à l'impératrice Joséphine, qui aimait beaucoup les pierres gravées d'une parure de ce genre. En effet, d'après l'ordre de l'empereur, le maréchal Duroc et M. Nitot, joaillier de la couronne, se présentèrent au Cabinet, en mars 1808, pour choisir parmi les camées et les intailles les pierres qui pouvaient orner un diadème, un collier, une ceinture et des bracelets. Ils emportèrent quarante-six camées et trente-six intailles; en tout quatre vingt-deux pierres, parmi lesquelles il s'en trouvait des plus intéressantes pour la science et pour l'art, entre autres le Mécène de Divscoride  et Ménèlas relevant le corps de Patrocle 


Le "Menelas" est toujours au Cabinet des Médailles en 2016

.Les intailles. étaient assurément peu convenables pour l'usage qu'on voulait en faire. Au surplus, ces pierres ne furent point employées ; elles restèrent au Garde-Meubles , et lors de la restauration , furent inventoriées avec les objets du domaine.
Après de nombreuses réclamations, qui restèrent longtemps inutile
Ces pierres enfin restituées au Cabinet le 28 août I832, d'après la loi du 2 mars de la même année sur la liste civile ; mais vingt-quatre charmants camées représentant des sujets ne furent pas retrouvés, et on ignore complètement ce qu'ils peuvent être devenus.



Sa réputation dépasse les frontières de la France et secondé par son fils François Régnault Nitot, il  va fournir a partir d'un dessin de Percier la Couronne de Maximilien 1er Roi de Bavière.



Photo de Jebulon sur Wikipédia

La couronne des Reines de Bavière, par Marie-Étienne Nitot (1750-1809), joaillier, Jean-Baptiste Leblond et Martin Guillaume Biennais  (1764 - 1843), orfèvres. Paris, 1806-1807, modifiée en 1867. Schatzkammer, Residenz, Munich, Bavière, Allemagne. 

L impératrice Joséphine fit la fortune des "Jouailliers" de l époque  et d'après la Revue de la Bijouterie Orfèvrerie Joaillerie:
Les dettes s'augmentèrent si vite et si bien que l'Empereur fut obligé, de temps en temps, de combler le déficit. A une de ces liquidations de dettes, il fallut débourser à peu près trois millions et demi.
« Ce chiffre serait inexplicable, même avec la prodigalité la plus folle, dit M. Frédéric Masson 1, si les bijoutiers ne figuraient pas dans le compte de la Toilette : les bijoux achetés représentent, dans les dépenses acquittées par Joséphine, 1.625.644 francs 60 centimes — près de la moitié — et autant dans les dettes payées par l'Empereur. Tous les grands bijoutiers de Paris — et même d'ailleurs — ont cette étonnante cliente : Biennais, Depresle, Friese, Marguerite, Foncier, Fister, Nitot, Pitaux, Cablat, Belhate, Perret, Tourner, Messin, les frères Marx, Conrado, Hollander, Lelong, Meller, Mellerio-Meller et les horlogers Bréguet, Lépine et Mugner, et Capperone et Teibaker, marchands de camées, et Oliva et Scotto, marchands de coraux ! »

En 1809, Marie-Etienne Nitot décède. Son fils François-Regnault, s'installe 15 place Vendôme en 1812. Ils étaient installés avant, au 4 rue de Rivoli.






Le 15 place Vendôme, plus tard fut  transformé en hôtel de voyageurs en 1897-1898 par l'architecte Charles Mewes pour César Ritz, son nom actuel est hôtel Ritz, Paris.

1808: ce n'était pas toujours facile d'être payé!!! ci dessous cette lettre savoureuse.
Note de portraits faits par le s. Isabey à l'époque du mariage de S. A. I. Madame la princesse Stéphanie-Napoléon de Bade.
Savoir :
En mars 1806 : un portrait de Sa Majesté l'Impératrice et Reine pour le vice-roi d'Italie 600 fr. 
En mars 1806 : un de Sa Majesté l'Empereur pour la princesse Augusta 600 
En avril 1806 : un portrait de la princesse Stéphanie pour la tabatière du prince de Bade ... 600 — Un portrait du prince de Bade pour la Margrave ... 600 
Un portrait de la princesse de Bade pour la Margrave . 600
Total ..... 3,000 fr.
N'ayant point porté ces portraits sur les notes des bijoux où ils ont été employés et ces mémoircs étant soldés, il nous est impossible de revenir sur cet objet et de payer à M. Isabey la somme qu'il réclame et que nous n'avons point reçue.

A Paris, le 5 janvier 1808.

Ou encore

Ce 3 mai 1808. adressé a Monsieur Isabey, peintre,
Monsieur,
Vous nous feriez assigner encore une fois que nous ne pourrions vous répondre que ce que nous avons eu l'honneur de vous dire, savoir que nous avons monté tous les portraits portés sur votre note de mars et avril 1806; que les bijoux sur lesquels ils étaient ont été fournis par nous pour Sa Majesté l'Empereur; mais que n'ayant pas été prévenus que nous devions les comprendre dans nos mémoires, nous n'en avons pas touché le montant et ne pouvons par conséquent pas vous payer. Quant à la manière dont nous étaient commandés ces objets à cette époque, nous vous dirons, et vous le savez comme nous, que jamais nous n'avons reçu d'ordres par écrit. Quelquefois Sa Majesté l'Impératrice, de la part de l'Empereur, faisait l'honneur à notre sieur Regnault Nitot de lui dire : « Vous ferez un bijou de tel prix, M. Isabey vous remettra le portrait; ou vous demanderez tel ou tel portrait à M. Isabey. » Et, pour assurer que ces bijoux et ces portraits ont été réellement livrés, nous pouvons, quand vous l'exigerez, vous montrer nos livres portant les mêmes portraits que vous énoncez, et on verra par notre déclaration que ces portraits ont été livrés, mais n'ont pas été compris dans les payements qu'on nous a faits.
Nous avons l'honneur d'être, Monsieur, vos très humbles serviteurs.
M .-E. NITOT et fils.
NITOT et fils.



Tabatière de présentation en or de deux couleurs et émail, fabriquée par Etienne-Lucien Blerzy, pour Nitot Paris, 1806-1808, sertie d'une miniature du général Rivaud de la Raffinière, vers 1825
,
Napoléon n'avait pas d'héritier, dès 1808 il évoquait le divorce d 'avec l impératrice.
Octobre 1808, à Erfurt, Napoléon Ier évoqua son divorce avec Talleyrand. : « Ma destinée l'exige et la tranquillité de la France me le demande. Je n'ai point de successeur. Joseph n'est rien, et il n'a que des filles. C'est moi qui dois fonder une dynastie ; je ne puis la fonder qu'en m'alliant à une princesse qui appartienne à une des grandes maisons régnantes de l'Europe. L'empereur Alexandre a des soeurs il y en a une dont l'âge me convient. Parlez de cela à Romanzoff ; dites-lui que dès que je suis débarassé de  mon affaire d'Espagne  j'entrerai dans toutes ses vues pour le partage de la Turquie, et les autres arguments ne vous manqueront pas ; car je sais que vous êtes partisan du divorce ; l'impératrice Joséphine le croit aussi, je vous en avertis. » [Mémoires du Prince de Talleyrand, ]
Le 22 novembre 1809, Napoléon Ier dicta à Champagny une lettre pour Caulaincourt, qu'il chargeait d'évoquer avec Alexandre Ier un mariage entre Napoléon Ier et l'archiduchesse Anne, alors âgée de 14 ans.
Le 11 mars 1810, l'archiduchesse Marie-Louise épousa Napoléon Ier par procuration, l'archiduc Charles représentant Napoléon. 



1809:  Parure fabriquée par François Regnault Nitot composée d'un collier, d'une paire de bracelets et de boucles d'oreilles ; offert par Napoléon Ier à l'archiduchesse Marie Louise comme présent de mariage 28 février 1810.







Cette tabatière revendue par Christie's est datée 1810 environ, , c'est une date moyenne qu'attribue les experts en rapport avec la carrière des Nitot. C'est donc plus ou moins 1810 .....sauf...si on peut se référer à certains ouvrages , vous trouverez en fin de ce chapitre des inventaires , il faudrait en trouver d'autres.
Christie's attribue a Nitot et fils cette tabatière et comme sous traitant de Nitot, Etiénne Lucien Blerzy aux environs de 1810.
De forme Ovale la base et les côtés sont finement peints des paysages en émail , le couvercle finement ciselé avec Anthemia et acanthe, avec le monogramme sertie de diamants ML, les bords en émail bleu sont marqués à l' intérieur de la base, la couverture, le côté, et la lunette; la lunette extérieure avec décharge et gravé Etienne Nitot et Fils "Jouailliers "Bijoutiers ordinaires de Sa Majesté l'impératrice et Reine, à Paris





Cette boite or est au Victoria & Albert muséum, Napoléon connaissait la valeur politique d'une cour brillante.
Le don d'une boîte de tabac à priser comme une marque de faveur est devenu aussi naturel pour lui qu'il l'avait été pour les rois de France.





Rare montre de présent au monogramme de Caroline Murat, reine de Naples et sœur de l’empereur Napoléon Ier.
Monogramme « C » couronné en perles, entouré de lauriers sur fond émaillé vert, intérieur de la couronne émaillé rouge ; au revers, sous un verre cerclé d’or et de perles, on découvre un cadran émaillé à chiffre arabes avec mouvement à coq signé Le Roy.

Ce modèle de montres, de Nitot et fils, eut les faveurs de l’empereur Napoléon Ier et de l’impératrice Marie-Louise. Le 4 septembre 1811 : « Vingt-six petites montres de col divers, en or émaillé, avec entourages, chiffres, emblèmes superbes et accompagnées de leurs chaînes et clefs » furent commandées au célèbre joaillier par l’empereur.
En 1810, François Regnault Nitot, reçoit la plupart des commandes officielles, il va donc devoir faire sous traiter avec d'autres Joailliers de la place. Napoléon épouse Marie-Louise. Une nouvelle impératrice pour qui Nitot fils réalise quelques-unes des plus belles parures telles qu'un assemblage de diamants et émeraudes ou les célèbres bracelets acrostiches.




Diadème de l Impératrice Marie Louise

Créé en 1810 par François-Regnault Nitot, cadeau de mariage de Napoléon à Marie-Louise d'Autriche.
Il fait partie d'une parure complète comprenant également un collier, des boucles d'oreilles et un peigne.
Après la chute de Napoléon, Marie-Louise retourne à Vienne avec ses bijoux. Le diadème (et le reste de la parure) reste dans la famille Habsbourg jusqu'en 1953, quand Van Cleef & Arpels achète le diadème, remplace les 79 émeraudes par des turquoises et le vend à Marjorie Merriweather Post (riche héritière américaine et philanthrope). qui en fera don à la smithsoniam institute de Washington.






Cette parure de 1810 en Diamants et émeraudes présente une qualité caractéristique de la période.
l’Impératrice ayant quitté Paris le 29 mars 1814, elle léguera cette parure d’émeraudes à sa tante du côté des Habsbourg, l’archiduchesse Élise. En 1953, les descendants la céderont à Van Cleef & Arpels.







1810 Composée d'un collier, d'une paire de bracelets et de boucles d'oreilles ; offert par Napoléon Ier à l'archiduchesse Marie Louise comme présent de mariage 28 février 1810) ; F-R Nitot Photo RMN






1810 Insigne des dignitaires de la Couronne de fer par FR Nitot






1811: Diadème "épis de blé balayés par le vent "de l'impératrice Marie-Louise - diamants, or et argent (c.  par Nitot - coll. Chaumet) 



En 1811 Napoléon voulut détruire l' épée du sacre et c'est Vever à nouveau qui nous explique ce qu'elle devint:

"Quoi qu'il en soit, pour ce qui concerne l'épée, Napoléon ordonna en 1811 qu'elle fût démontée et que le Régent, ainsi que les autres diamants qui l'enrichissaient, fussent employés pour faire un nouveau glaive.

C'est alors que F.-R. Nitot fils, successeur d'Étienne Nitot, qui était mort en 1809, demanda et obtint de conserver cette épée, au lieu de la détruire, et qu'il remplaça les pierres fines par des imitations. Un procès-verbal du 15 juin 1812 constate la remise qui en fut faite au joaillier, pour la valeur de

l'or à fondre, soit 900 francs, que l'on porta en déduction sur la facture de 82.910 francs, dont il est question plus loin.



F.-R. Nitot fit un coffret en cristal, surmonté d'un aigle ciselé, et y déposa précieusement, sur un fond de velours rouge, l'épée nue à côté de son fourreau. L'inscription suivante y fut inscrite en lettres d'or:

ÉPÉE DU PREMIER CONSUL BONAPARTE
CONSACRÉE PAR S. S. PIE VII
AU COURONNEMENT DE L'EMPEREUR NAPOLÉON
II DÉCEMBRE M.D.CCC.IV
HOMMAGE AU TOMBEAU DE L'EMPEREUR
F. Regnault-Nitot, 1852.

D'après la dernière ligne de cette inscription, Nitot fils désirait que l'épée du Sacre fût placée aux Invalides, à côté du tombeau de l'empereur, et c'est dans ce but qu'il avait composé son coffret un peu en forme de cénotaphe; les parois de cristal permettaient de voir facilement le contenu, comme dans une vitrine. Il se proposait d'offrir cette précieuse relique à l'état, lorsqu'il mourut, en 1853. Son fils, le général Nitot, respectueux des intentions de son père, fit les démarches nécessaires pour que l'épée fût enfin déposée au tombeau de Napoléon, mais on lui objecta qu'il y avait déjà l'épée d'Austerlitz et qu'on ne pouvait accepter son présent que pour le musée des Souverains. Il la conserva donc, et lorsqu'à son tour il mourut, son fils, le lieutenant-colonel Nitot, de qui je tiens tous ces détails, écrivit au Président de la République, alors Jules Grévy, pour offrir encore l'épée dans les mêmes conditions; mais sa lettre resta sans réponse. 

La Régente

Elle pèse 337 grains, elle fut achetée par Napoléon à Nitot, en 1811 pour le prix  de 40.000frs, pour la faire monter sur un des diadèmes de l'impératrice Marie Louise.et c'est l administration des domaines qui lui donna ce nom par ignorance, nom de "Régente " qu'elle n'avait jamais portée. La perle resta dans les joyaux de la couronne et Napoléon III la fit remonter par Lemonnier à l occasion du mariage de l'impératrice  Eugénie.
la perle fut vendue en 1887  en mai 1887, à Pierre Karl Fabergé (joaillier de la Couronne de Russie) Fabergé la vendra au prince Nicolas Borisovitch Youssoupoff, à la révolution Russe, la trace de la perle sera perdue. Elle réapparaîtra, le 12 -5-1988 chez Christie's puis dans une autre vente en 2005 



Wikipedia, photo de Cliff



1811: Ce collier  fut un cadeau de l'empereur Napoléon Ier à sa seconde épouse, Marie-Louise, pour célébrer la naissance de son fils Napoléon II, l'empereur de Rome en 1811. Le collier en argent et en or, conçu par Etienne Nitot et Fils De Paris a été achevée en 1811 et se compose de 234 diamants: 28 diamants ovales et coussins, suspendus à une frange de 19 diamants taille  briolettes poire et ovale et accentués par de petits diamants ronds et motifs de diamants. Les diamants sont taillés en taille ancienne. Le collier a un poids total estimé à 263 carats, le plus grand diamant unique pesant environ 10,4 carats. Lorsque Marie-Louise mourut en 1847, le collier fut confié à sa belle-sœur, l'archiduchesse Sophie d'Autriche, qui enleva deux pierres pour raccourcir le collier. Des boucles d'oreilles ont été faites avec les deux pierres retirées. En 1872, le collier a été légué au fils de l'archiduchesse, l'archiduc Karl Ludwig d'Autriche. En 1948, le petit-fils de l'archiduc Ludwig, le prince Franz Joseph du Liechtenstein, vendit le collier à un collectionneur français qui le vendit ensuite à Harry Winston en 1960. Marjorie Merriweather Post obtint le collier de Winston et le remit à Smithsonian Institution en 1962.








Montre de Col de Marie Louise par F-R Nitot






"Nitot fut également chargé d'exécuter, pour l'impératrice, une parure composée d'une collection

de gros rubis entourés de diamants et reliés entre eux par des motifs de joaillerie ; cette parure comprenait un collier, un peigne, une coiffure, un diadème, des pendants d'oreilles, une ceinture et une paire de bracelets, car la mode exigeait alors qu'on portât un bracelet identique à chaque bras ; cet usage fut suivi sous les régimes successifs par les souveraines et les princesses, jusqu'en 1870. " Vever.


Couronne Impériale et parure rubis diamants
éxécutées par FR Nitot pour l'Impératrice Marie Louise




1813 Marie et Elisa Bonaparte par Nitot



Après la chute de l'empereur en 1815, François Régnault Nitot, fidèle bonapartiste préfère se retirer. Il s'installe dans le château d'Echarcon avec son épouse et devient maire. « Il a refait des routes, croit savoir son successeur actuel. En tout cas, les habitants ont demandé qu'il soit enterré sur la commune. Ce qui n'était pas prévu ». Et de faire référence à une note datant de sa mort en 1853. « Il sut toujours nous donner des avis salutaires. Il prêtait son appui aux faibles et le pauvre trouva dans son inépuisable charité un soulagement à ses misères [...] C'est pour ces motifs que nous osons supplier sa famille de bien vouloir permettre que ses restes reposent au milieu des habitants d'Echarcon ».




Sur ce portrait de la Reine Hortense (Mere du futur Napoléon III) conservé au Château de la Malmaison, figure une parure fabriquée par Francois Régnault Nitot.

François-Régnault Nitot avait fait fortune , il confia la direction de sa maison à son Chef d'atelier Jean Baptiste Fossin.

Son fils Jean Etienne Régnault Nitot, lui succéda  a sa mort à la Mairie d'Echarcon, il obtint la légion d'Honneur.





Pourquoi un dossier reconstitué et aussi succinct ? En 1870 les "communards" avaient mis le feu à l Hôtel de la Légion d'honneur. Donc nombre de dossiers ont disparu et reconstitué plus tard , mais de manière incomplète.


Marie- Etienne Nitot, dont la famille était originaire des environs de Château-Thierry, était né à Paris le 2 avril 1750; il y mourut le 9 septembre 1809.
C'est l'un  de ses quatre fils, qui était déjà son associé: François-Regnault Nitot, né à Paris en 1779 qui lui succède.
Ce dernier mourut le 19 janvier 1853, 15 place Vendôme, laissant une fille, devenue comtesse Treilhard, et cinq fils; l'un d'eux épousa Mlle Baurain, dont les parents étaient dans le commerce de
la joaillerie. Un autre, Ferdinand, devint général sous Napoléon III et mourut en 1888. Son fils, le lieutenant-colonel Edgar Nitot, après s'être engagé à dix-sept ans, prit une part glorieuse à la célèbre charge des cuirassiers à Rezonville.


Tableau de Trego

Tandis que Nitot s'illustrait dans la joaillerie, un de ses proches parents, frère ou cousin, remportait des succès d'artiste comme chanteur à l'Opéra sous le nom de Dufrène, et comme graveur, en reproduisant au trait l'oeuvre de Flaxman. Ce Nitot-Dufrène était aussi grand amateur de belles gravures il en avait réuni une collection remarquable qu'il céda à un Russe, en 1813, pour 80.000 francs. Il se fixa ensuite aux environs de Bordeaux, où il mourut vers 182).
Le nom de Nitot a été donné à une des rues de Paris (quartier de Chaillot), située à l'emplacement où se trouvait la propriété du célèbre joaillier.





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Chaumet  n'arrive qu'en 1885 comme chef d'atelier




Pour avoir un "petit aperçu des dépenses de Napoléon en Bijoux et Joyaux, je vous livre une petite partie de ce que Nitot Père et Fils  ont livré de par les commandes de l'empereur.
Tiré d'un livre de 360 pages de Mr Maze-Sencier sur les dépenses de l empereur, vous verrez que ce fut une époque extra-ordinaire pour les Nitot.

Le 12 mai 1806, nous l'avons dit plus haut, l'Empereur avait arrêté qu'il ne serait plus fait de présents en diamants et qu'on s'en tiendrait aux produits des manufactures françaises. Dès la même année,
nous voyons le souverain changer d'avis et ordonner la confection de cent tabatières d'or, enrichies de brillants, quelques-unes, le quart environ, avec portrait. Cette dépense s'éleva, en totalité, à 380,688 fr.
L'année suivante, 1807, le grand maréchal du palais, Duroc, transmit à l'intendant général de la maison de l'Empereur (Daru) une pareille commande, sur les mêmes bases. Elle fut exécutée
par les joailliers MARGUERITE et NITOT ET FILS. MARGUERITE, pour cinquante tabatières, reçut 182,375fr. — NITOT ET FILS, par suite d'un petit changement, livrèrent quarante-deux tabatières et douze bagues, pour 184,391 fr. — Vingt-cinq petits portraits (à 600 fr. l'un) coûtèrent 15,00.0 fr. — Total: 381,766 fr. (.Arch. nat. 0230.)
Le 12 septembre 1807, M. Desmaisons écrit au grand maréchal : « D'après vos ordres, j'ai dit aux fournisseurs qu'ils seraient payés au furet à mesure de leurs livraisons, afin d'activer leur zèle. J'ai fait déposerau trésor de la Couronne onze boîtes enrichies de brillants faites par MM. Nitot.
« Il y en a quatre à portraits dans les prix de 10,000 et de 6,000 fr. ; deux à cercles et chiffresd'environ 6,000fr. et cinq d'environ 3,000fr.; mais je n'ai rien pu encore obtenir des portraits de M. Isabey;les boîtes les attendent.
cr J'ai bien d'autres peintres, mais comment leur demander des ressemblances, sans séance ?
Les autres peintres en question figurent dans un mémoire du 2 février 1808 où sont mentionnés les artistes suivants:
SAINT, sept portraits à 600 fr.4,200 francs.
NITOT,deux — — 1,.),
AUBRY,deux — — 1,200—
GAUCI, quatre — — 2,400—.
MIMERET,deux- — 1,200—
PROSPER,UN — — 600—
QUAGLIA,un — — 600—.
(Arch. nat. 0930.)

Enfin une nouvelle commande de cent tabatières eut lieu le 6 décembre 1807, comme on le voit par ce passage d'une lettre de M. Desmaisons à l'intendant général de la Maison de l'Empereur:
« A propos de l'urgence du besoin de son exécution, et avec l'agrément de M. le Les bijoux offerts par l'Empereur à Marie-Louise méritent d'être cités. Nous avons déjà parlé du fameux médaillon renfermant le portrait de l'Empereur, et pour lequel un budget de 175,000 fr. avait été établi. Le portrait était bordé d'un cercle de douze gros brillants, et le médaillon renfermé dans un riche écrin aux armes impériales.
En plus de ce bijou, coté par Nitot et fils 174,809 fr., les célèbres joailliers fournirent encore:
Une parure d'émeraudes, entourées de brillants, de 289,863 fr. ;
Une parure d'opales, aussi entourées de brillants, de 275,953 fr. ;
Puis diverses parures et une série de bijoux de moindre importance, s'élevant à 55,447 fr.
Entrons dans quelques détails sur ces merveilleux bijoux: Parure d'émeraudes entourées de brillants, composée du diadème, d'un collier, de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Le diadème. Il est formé de vingt-deux émeraudes valant ensemble 42,500 fr.; de cinquante-sept petites émeraudes estimées 1,365 fr. et de neuf cent cinquante-trois brillants prisés 100,569 fr.
Le collier se compose de trente émeraudes valant 40,900 fr. ; de onze cent trente-huit brillants et de deux cent soixante-quatre roses de Hollande, à 1 fr. 50 pièce: 57,221 fr. Les boucles d'oreilles sont formées de six émeraudes, dont deux de 44 karats : 10,000 fr.; de soixante brillants et de quarante-huit roses de Hollande à 1 fr. 50 la pièce: 15,987 fr.
Le peigne comprend: l'émeraude du milieu, pesant 77 grains, 5,000 fr. ; deux émeraudes en losange, 3,500 fr. et 3,000 fr.; deux émeraudes ovales, 1,600 fr. ; — dix-huit plus petites, 468 fr. 75 ;
je la divisai entre MM. Nitot et Marguerite.

« M. Nitot n'a point fourni la totalité de cinquante boîtes dont il avait été chargé. Dans le cours de l'exécution, M. le grand maréchal m'écrivit que l'intention de S. M. était que l'on fabriquât quelques
bagues sans augmenter la dépense; en conséquence, je fis convertir le prix de huit tabatières en douze bagues qui ont été livrées.
« Indépendamment de ces cent tabatières, j'ai été chargé de faire exécuter quatre bagues riches pour les évêques assistant au mariage du prince Jérôme. » (Arch. nat. 0'30.)— deux cent vingt-six brillants, 11,586 fr. ; - quatre roses de Hollande à 1 fr. 50 pièce. La façon du peigne est de 750 fr. et l'écrin, pour renfermer toute la parure, de 100 fr.
Parure d'opales entourées de brillants, composée d'un diadème, d'un collier à quadrilles et chatons, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Le diadème compte quarante-quatre opales, celle du milieu valant 10,000 fr., et mille cinquante-trois brillants.
Le collier réunit cinquante opales, prisées 47,860 fr., celle du milieu valant 10,000 fr., et l'opale de dessous 8,000 fr. ; trois cent quatre vingt-quatre brillants, 39.388 fr.
Les boucles d'oreilles comprennent: une opale de 9,000 fr.; - deux opales ovales, à 4,000 fr. la pièce; — deux autres à 2,000 fr. ;— quatre opales moyennes à 300 fr.; — puis, deux cent quarante quatre brillants, 9,813 fr. ; - onze roses de Hollande à 1 fr. 50, et la façon, 750 fr.
Parmi les divers autresobjets nous remarquons: Deux bourses, en perles d'or et d'émail, 750 fr.
Un écrin en velours vert orné de divers bas-reliefs et parsemé d'abeilles ciselées en vermeil, garni de caissons en velours blanc, le tout très soigné et renfermé dans un coffre en bois, 7,700 fr. (Arch.Nat. 0233.)
Des tabatières d'or ciselé, guilloché, d'une valeur moyenne de 470 fr., renfermant des napoléons d'or, sont envoyées à quatorze employés autrichiens qui ont donné des soins aux militaires français,restés malades à Vienne. M. Ernest Collet, commissaire des hôpitaux français, à Vienne, reçoit une tabatière d'or, ciselée, émaillée, ornée d'un camée à trois couches, représentant un buste de Sapho entouré de vingt brillants, cotée 3,373 fr. Une autre tabatière de même travail estimée 2,961 fr. est remise àM. Jean Nikel, chirurgien-major des hôpitaux français, à Vienne. La boîte est surmontée d'un camée à trois couches, figurant un buste de Minerve, entouré de vingt brillants.

Cette fourniture, faite par NITOT ET FILS, s'élève pour les boîtes seules, c'est-à-dire sans les pièces d'or, à 12,902 fr.
La mission du prince de Neufchâtel avait coûté 395,512 fr.

Les bijoux distribués aux officiers et aux dames du palais de l'Empereur d'Autriche, aux diplomates, aux membres de sa famille et aux personnes de son entourage, étaient fournis, comme les précédents,
par les célèbres bijoutiers-joailliers NITOT ET FILS. Leurs mémoires nous renseignent sur la nature et le prix de ces bijoux; par malheur, les destinataires ne sont presque jamais indiqués. Quoi qu'il en soit, voici un aperçu de ces dons si enviés:
Sept tabatières d'or, enrichies du chiffre en brillant, de l'Empereur (N), valant chacune de 1,869 fr. à 2,556 fr. — Sept tabatières avec cercle et chiffre en brillants, 58,961 fr. — Une autre, de même genre, offrant de plus gros diamants, 29,546 fr. — Vingt-cinq parures diverses, savoir: deux parures en rubis d'Orient et brillants, composées chacune d'un collier, d'un peigne et d'une paire de boucles d'oreilles, 35,577 fr. — Un parure en perles d'Orient (collier, peigne et boucles d'oreilles), 15,940 fr. Une autre, en rubis du Brésil et brillants, 5,952 fr. — Une autre, en opales et brillants, le collier qu'ils furent distribués à Vienne et à Braunau aux personnages de la cour d'Autriche.
Deux-parures en rubis du Brésil et perles, 3,900 fr. — Une autre. en gypse et perles, 2,400 fr. — Deux autres, en agates arborisées et perles, 4.000 fr. — Une autre, en grenats et perles, 1,500 fr. — Une parure, en topaze du Brésil et perles, 1,800 fr. — Une autre, en péridots et perles, 2,200 fr. — Une autre, en mosaïques, '1,000 fr. —
Deux parures en cornalines brûlées, gravées en creux, 2,300 fr.
Deux paires de boucles d'oreilles en brillants, 3,850 fr. —
Une paire de boucles d'oreilles, dites girandoles, 1,267 fr. —
Une autre, à lustre, 1,920 fr.
Vingt-huit tababières d'or, ciselées, guillochées, quelques-unes émaillées de divers prix, depuis 350 fr.jusqu'à 839 fr.
Une boîte à cure-dents, 175 fr. — Une bague de sept brillants (dont un de 1,600 fr.), 5,342.— Une autre, de cinq brillants, 4,571 fr.
Un demi-jonc contenant sept brillants, 2,273 fr. — Deux bagues, d'une opale, entourées de brillants, 2,200 fr. — Une bague, d'une turquoise, entourée de brillants, 960 fr.  Six montres à répétition, avec clé, chaîne et cachet en or, 3,650 fr.— Total: 262,454 fr. (Arch. nat. 0229.)

10 mars 1810.— Livraison de sept riches tabatières,ornées du chiffre ou du portrait de l'Empereur, 60,467 fr. — L'une de ces boîtes, avec le portrait de Napoléon, dans un cercle de vingt-quatre brillants, est cotée 20,274 fr. — Une autre boîte de 7,920 fr. offre à la fois le portrait de l'Empereur, le chiffre (N) et les abeilles émaillées.
25avril 1810.— Lors dela remise, à Braunau,les bijoux destinés en présents étant insuffisants, le prince de Neufchâtel recourut aux dames françaises qui lui cédèrent trois parures dont le remboursement se fit ainsi: à la duchesse de Bassano, pour un collier, une paire de
 boucles d'oreilles et un peigne en émeraudes, entourées de diamants, 15,000 fr.; pour douze épis, 16,000 fr. Total: 31,000fr.
A la duchesse de Montebello, pour douze épis en diamants, 16,000 fr. (Arch. nat. 0250*.)

30juin.18'10. Servicedesprésents. —

Une tabatière d'or,émaillée, enrichie.de vingt-huit brillants et du portrait de l'Empereur, 13,824 fr. - Cinq autres tabatières de même genre, ornées chacune de vingt-huit à quarante brillants, avec le portrait de l'Empereur (payé à l'artiste 600 fr.), 46,135 fr.
Une note signée du grand chambellan, comte de Monstesquiou avec pendeloques, 15,588 fr. — Une parure en rubis d'Orient (collier et boucles d'oreilles), 6,200 fr. Une parure, composée des mêmes pièces, en améthystes et brillants, 4,400 fr. — Une parure en chrysoprases et brillants (collier, boucles d'oreilles et peigne), 5,500 fr. —
Deux parures en améthystes et perles, dont une avec bracelet, 3,000 fr. — Deux parures, en or émaillé et perles, 2,000 fr. ?
Deux autres, en émeraudes et perles, 3,900 fr.

28 février 1810. — Fourniture de NITOT ET FILS. — Service des présents)-Le mémoire s'élève à 262,454 francs. Où allèrent ces riches bijoux? Nous ne saurions le dire avec certitude;
La délivrance de Marie-Louise et le baptême du Roi de Rome donnèrent naissance à une immense distribution de cadeaux en tous genres, dont nous allons parler avec quelques détails. Commençons
par l'Impératrice. L'Empereur lui offrit un collier de brillants enrichi de pendeloques et briolettes, payé à Nitot et fils 376,275 fr. —
La duchesse de Montebello, dame d'honneur, reçut des diamants, pour la somme de 30,000 fr.; — la comtesse de Luçay, dame d'atours, le portrait de l'Impératrice, en médaillon, 10,000 fr.; — le baron Corvisart, premier médecin de l'Empereur, une gratification de 20,000 fr.; -

6 juillet 1811. Fourniture de NITOT ET FILS s'élevant à 219,996 fr.—
Deux parures en rubis du Brésil et brillants, composées chacune d'un peigne, d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles, 39,162 fr.
Deux parures d'émeraudes et brillants, 41,151 fr. — Les quatre autres parures, de rubis balais, de chrysoprases, d'améthystes et d'opales, mêlés de brillants, 79,088 fr. —
Douze épis en brillants, 12,043 fr. - Un collier de chatons en brillants, 48,550 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 460,000 fr. que le budget du 20 mai 1811 met à notre disposition pour les dépenses qui pourraient avoir lieu à l'occasion du baptême du Roi de Rome.
« Le comte DE MONTESQUIOU. »

21 janvier 1812. [Service des présents). Livraison de NITOT ET FILS.
Un bracelet composé d'un diamant recouvrant des cheveux du Roi de Rome et entouré de diverses pierres de couleur signifiant le mot Napoléon, le tout attaché par des tresses de cheveux.-
Trois médaillons renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise entourés de gros brillants. Le premier, de 29,965 fr.; le second, de 49,534 fr.; le troisième, avec un rang de chatons, qui en double le prix, 98,944 fr.
La façon dont le mémoire est apostillé va nous dire la destination de ces riches bijoux:
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 182,483 fr. mis à notre disposition, suivant la décision impériale du 28 janvier 1812, pour solder le prix d'un bracelet pour S. M. l'Impératrice et de trois
médaillons pour S. M. le Roi de Rome, la reine d'Espague et la gouvernante des Enfants de France.
« Signé: Le comte DE MONTESQUIOU.
Au commencement de l'année 1814, lorsque Napoléon partit des Tuileries, le 25 janvier, pour rejoindre son armée et repousser l'invasion, il laissa la régence à Marie-Louise et confia à la garde nationale sa femme et son fils, qu'il ne devait jamais revoir.
Mais il avait eu soin; au préalable, de faire faire, par NITOT ET FILS, une plaque de la Légion d'honneur, une épaulette et une étoile de la Légion d'honneur en brillants pour le service du Roi de Rome. Le procès-verbal de cette commande, exécutée par ordre de l'Empereur, est daté du 12 janvier. L'expertise fut faite par les joailliers Paris, Grouvelle et Lecomte, qui fixèrent ainsi les prix:
La plaque en brillants, 27,586 fr. ; l'épaulette, 70,332 fr. ; l'étoile, 2,032 fr. Total: 99,950 fr. (Arch. nat. 0230.)
1808. — Lors du mariage de Melle Tascher de la Pagerie, avec le prince régnant, duc d'Aremberg, l'Empereur offrità sa jeune protégée
une parure complète en émeraudes et brillants, composée d'un bandeau, d'un collier, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne. Cette belle parure, livrée par NITOT ET FILS, coûtait 51,465 fr. [Arch. Nat.0231.)

Le chiffre élevé de ces bijoux, livrés par NITOT ET FILS, indique suffisamment la richesse des présents diplomatiques offerts par l'Empereur. C'étaient généralement de riches boîtes données par le
souverain aux personnes remplissant des fonctions élevées, soit à la cour de France, soit à l'étranger.
Comme nous l'avons fait remarquer dans un précédent ouvrage, tandis que les plus belles tabatières offertes aux Français ne dépassaient pas 2,400 fr. à 3,000 fr., celles des diplomates s'élevaient à des
prix infiniment supérieurs. Mais au point de vue de la perfection du travail, toutes avaient la même valeur, étant l'oeuvre des mêmes artistes dessinateurs, graveurs, ciseleurs, peintres en miniature et en
émail. La seule différence consistait dans le nombre et la grosseur des diamants.
Mémoires.
Pendant les Cent-Jours, les joailliers NITOT ET FILS fournirent quatre riches boîtes, pour le service des présents; elles méritent une description.
5 mai 1815. NITOT ET FILS. Servicedesprésents. — Tabatière carrée, longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un cercle en brillants et du portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre, 10,773 fr. Le portrait est coté 600 fr. et les brillants seuls, au nombre de trois cent vingt-six, pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr.
Deux tabatières ovales, en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de trente-quatre brillants et l'autre de vingt-six avec le portrait de l'Empereur par Robert Lefèvre, chaque portrait payé 600 fr,. : 7,599 fr. et 11,615 fr.
Une tabatière de même genre, sertie de vingt-huit brillants.
Le 12 mai 1806, nous l'avons dit plus haut, l'Empereur avait arrêté qu'il ne serait plus fait de présents en diamants et qu'on s'en tiendrait aux produits des manufactures françaises. Dès la même année, nous voyons le souverain changer d'avis et ordonner la confection de cent tabatières d'or, enrichies de brillants, quelques-unes, le quart environ, avec portrait. Cette dépense s'éleva, en totalité, à 380,688 fr.
L'année suivante, 1807, le grand maréchal du palais, Duroc, transmit à l'intendant général de la maison de l'Empereur (Daru) une pareille commande, sur les mêmes bases. Elle fut exécutée
par les joailliers MARGUERITE et NITOT ET FILS. MARGUERITE, pour cinquante tabatières, reçut 182,375fr. — NITOT ET FILS, par suite d'un petit changement, livrèrent quarante-deux tabatières et douze bagues, pour 184,391 fr. — Vingt-cinq petits portraits (à 600 fr. l'un)  coûtèrent 15,00.0 fr. — Total: 381,766 fr. (.Arch. nat. 0230.)



*Maitre Joaillier Orfevre, ci-dessous par Fontenelle




La prochaine époque sera consacrée à FOSSIN


Des questions, des remarques, richard.jeanjacques@gmail.com

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